Lexique de la Fédération des Professionnels de la Gestalt-thérapie
1 - Fonctionnement en intelligence collective.
Ce fonctionnement propose aux personnes investies dans un projet commun de partager, sur la base de l'horizontalité, leurs connaissances, leurs compétences, leurs expériences, dans l'objectif de participer de manière efficace à la réalisation des objectifs de l'organisme dans lequel ils sont impliqués.
Chacun est donc invité, dans ses interventions, à privilégier l’intérêt collectif.
La parole est distribuée équitablement au cours de tours de parole où chacun peut s'exprimer et porter sa parole, y compris si cette parole est minoritaire, ou si elle exprime doutes, réserves ou objections. Il n'est donc plus nécessaire de chercher à convaincre les autres. Les valeurs misent en œuvre sont : l'écoute, la coopération, l'engagement.
La condition de base pour développer un travail en intelligence collective est que les participants soient réunis autour d'un objectif commun.
2 - Fonctionnement en cercle.
Chaque cercle fonctionne en autonomie selon sa raison d’être, définie par celui-ci et approuvée par le Cercle de Coordination. Fonctionnant en co-responsabilité, chacun des membres a des droits et pouvoirs équivalents. Chaque cercle établit un processus de fonctionnement et des procédures claires. Il met en œuvre tout ce qui peut favoriser l'accomplissement de ses redevabilités.
Pour un fonctionnement optimal un cercle se dote des trois rôles structurels décrits : rôle ambassade, rôle facilitation, rôle secrétariat.
2.1 Rôle Ambassade
Raison d’être
Ce rôle représente son cercle au sein du CC, et représente le CC dans son propre cercle.
Redevabilités
- Avant chaque CC, il remplit le point Info de son cercle
- Exprime l’état de santé du cercle, sa capacité à avancer et ses tensions dans le Cercle de Coordination ;
- Dans le CC, il participe au travail au nom du cercle dont il est l’ambassadeur. Il n’est pas le délégué du cercle, il est le cercle ;
- Transmet en réunion du cercle les besoins perçus et les décisions prises en CC qui nécessitent une action du cercle.
- En tant que membre du CC, il participe à la représentation juridique de la FPGT.
2.2 Rôle secrétariat
Raison d’être
Organiser la logistique du cercle et garantir la trace mémoire de la vie du cercle.
Redevabilités
- Organiser les réunions du cercle et informer les participants des dates et lieux ;
- Rédiger les CR des réunions du cercle ;
- Maintenir à jour la gouvernance du cercle sur le site ( les noms des rôles élus, Raison d'Être et redevabilités) ;
- Répondre aux demandes de clarifications sur les compte-rendus ;
2.3 Rôle facilitation
Raison d’être
Animer les réunions du cercle en visant efficacité et humanisme;
Redevabilités
- Faciliter les temps de réunion du cercle en utilisant les outils de la gouvernance partagée ;
- Veiller à la progression du processus de la réunion
- Développer l'aisance des participants dans les processus, les ramener au processus en cours si nécessaire ;
- Les aider à tenir leurs tensions jusqu'à résolution ;
- Co-créer et faire évoluer les rituels de réunion avec le cercle.
3 - Gestion par tension
3.1 - Qu’est-ce qu’une tension ?
C’est un besoin, un désir, “quelque chose qui pousse”, ressenti par un participant. Celui-ci exprime sa tension pour la mettre au service du travail du cercle. Il y a plusieurs types de tensions : des tensions opérationnelles (concernent les tâches ou l’organisation du cercle), des tensions personnelles (besoins de régulation, de clarification des valeurs du cercle).
Lors de la gestion par tension, le facilitateur dresse la liste des tensions présentes dans le cercle. Cette liste constitue l’ordre du jour de la réunion.
3.2 - Travail des tensions :
Le but de ce travail est de permettre aux tensions de prendre forme pour pouvoir les transformer en demandes et en actions. La résolution d’une tension peut déboucher sur une décision, une action, une modification de l’organisation du cercle, une réflexion collective, un temps de régulation, etc.
4 - Prise de décision par consentement.
Procédure de prise de décision collective où les membres du cercle développent et consentent à une décision dans l'intérêt supérieur du groupe.
Une proposition est une décision potentielle étudiée par un cercle. Elle devient décision suite au travail du cercle, lorsque la proposition ne soulève plus d'objection majeure au sein du cercle.
Une objection majeure est un refus argumenté et motivé de consentir à ce qu’une proposition soit expérimentée. Les objections majeures sont de trois types :
- La proposition n’entre pas dans les redevabilités du cercle ;
- La proposition est contraire à la raison d’être de la FPGT ou du cercle ;
- La proposition comporte un risque réel pour l'association ou pour ses membres.
La construction d'un consentement n'est possible que si tous sont d'accord sur un but commun, au-delà des positions individuelles. Le consentement recherché n'est pas un accord ou une adhésion, mais résulte du fait d’avoir levé toutes les objections. Une décision est valable si chaque participant du cercle a compris la proposition et ses enjeux, a pu s'exprimer sur cette proposition, et s’il lui a été demandé s'il avait une objection majeure à cette proposition.
Dans la prise de parole, chacun doit se réguler en se demandant si ce qu'il s'apprête à dire est vraiment nécessaire à la discussion, si c'est le bon moment pour le dire, et la façon la plus claire de le formuler.
Le succès du processus dépend beaucoup de la clarté des propositions. Des termes clairs et précis permettent à chacun de savoir à quoi il consent et permet une information juste de tous ceux qui n'étaient pas présents au cercle de décision. Cela nécessite une grande concentration de tout le groupe.
4.1 Déroulement du cercle de décision
1er temps : l'information
Le présentateur explique la question ou le problème à résoudre, ses enjeux et son contexte. Les participants peuvent poser des questions de clarification et partager les informations complémentaires dont ils disposent.
2e temps : tour de propositions et idées
Il s'agit de donner son avis et de faire des propositions, les plus claires et précises possible. Le présentateur ne répond pas aux participants pendant ce tour de parole. À ce stade, le processus peut être interrompu si on constate que des recherches supplémentaires doivent être menées.
À l'issue de ce tour de parole, si un des participants peut formuler une première proposition suffisamment claire, il devient le proposant et rédige la proposition initiale.
3e temps : clarification
Le proposant donne lecture de la proposition initiale. Chaque participant peut poser des questions au proposant, pour mieux comprendre la proposition. Seules les questions de clarification sont acceptées.
4e temps : réactions et bonifications
On refait un tour de parole, chacun a droit à une seule prise de parole. Chacun est invité à donner son avis sur la proposition initiale et à proposer des améliorations. Chacun est invité à prendre en compte les interventions précédentes dans ses propres propositions. Le facilitateur revient vers le proposant pour lui demander ce qu’il retient des propositions et s’il souhaite modifier sa proposition initiale.
5e temps : proposition finale
Le proposant donne lecture de la proposition mise à jour. Si le facilitateur l'estime nécessaire, on recommence un tour de parole (voir 4e temps ci-dessus). Si la proposition semble suffisamment aboutie, elle est appelée proposition finale et lors du tour chacun dit s'il a ou non une objection majeure à cette proposition. En cas d'absence d'objection majeure, cette proposition finale est adoptée.
En cas d'objection majeure argumentée, les personnes présentant des objections sont invitées à formuler une nouvelle proposition à laquelle ils puissent consentir. Cette proposition devient alors une proposition initiale et on reprend le travail du cercle au temps 3 (clarification). S'il apparaît qu'un travail préparatoire est nécessaire, une collecte d'informations supplémentaires par exemple, le facilitateur peut reporter la décision. Si l'objectif du groupe n'est pas assez clair ou si la formulation de la proposition est trop restrictive, le facilitateur peut proposer de revenir au temps 2 (idées et propositions).
4.2 Processus simplifié pour le CO : vote au carton.
Il s’agit d’une variation de la décision par consentement (GPC) adaptée aux grandes assemblées.
La proposition est présentée au Cercle de décision concerné.
Les personnes lèvent un carton parmi trois couleurs :
- Vert = je suis d’accord
- Jaune = j’ai envie d’exprimer quelque chose et je suis d’accord
- Rouge = Une raison impérieuse m’oblige à bloquer cette décision, j’ai une objection
Le processus de GPC reprend ensuite avec les étapes de test des objections, de bonification et de redécision.
5 - L'élection sans candidat.
L'élection sans candidat permet d'attribuer des rôles. Les attributions se font par consentement. Chaque personne du cercle est appelée à choisir la personne qu'elle estime la plus apte à remplir le rôle.
Déroulement du processus d'élection
1er temps : présentation du rôle (raison d’être, redevabilités, durée du mandat).
Les participants au cercle font l'inventaire de ce qui est attendu de la personne portant ce rôle, et des compétences et qualités nécessaires.
2e temps : propositions. Chaque participant note sur un bulletin son nom, et le nom de la personne qui lui semble le plus à même de répondre au besoin du cercle ou de l'association. Il remet son bulletin au facilitateur.
3e temps : explicitation des choix
Le facilitateur donne lecture de chaque bulletin. Chaque participant, à l'énoncé de son bulletin, explique les raisons de son choix. À l'issue de ce tour, le facilitateur demande si des participants souhaitent modifier leur choix. Ceux qui le désirent le font et motivent leur nouveau choix, parmi les personnes déjà citées.
4e temps : proposition
Le facilitateur demande si, au vu des choix exprimés et des arguments avancés, quelqu'un a une proposition à faire parmi les personnes citées au 3ème temps, à laquelle le groupe puisse consentir
5e temps : consentement
Un tour de groupe permet à chacun de dire s'il consent à la proposition ou s'il émet une objection majeure. Les objections doivent être argumentées. Le facilitateur vérifie les objections. Si besoin il revient au temps 4 (nouvelle proposition).
Si aucune proposition n’est retenue, il peut être nécessaire de revenir au temps 1 pour clarifier ce qui est attendu du rôle.
En l’absence d’objection majeure. la personne faisant l'objet de la proposition indique si elle accepte ou non cette attribution. Si elle accepte, son élection est validée et célébrée. Si la personne élue a une objection majeure, le processus reprend au 4ème temps.
6 – La participation consciente financière et la participation opérationnelle.
La participation consciente financière complémente la part fixe de la cotisation de l’adhérent.e.
La participation opérationnelle consiste en temps donné, en services, en prêt de locaux, en hébergement de participants à l'occasion de réunions ou d'activités, en déplacements, ou en dons.
Chaque adhérent est invité à réfléchir à sa participation consciente au service des objectifs communs. Cette participation contribue à la vie de l'association et à son financement.
7 – Pour ceux qui veulent en savoir plus : la sociocratie
Le concept de sociocratie a été élaboré par Auguste Comte (1798-1857), philosophe français fondateur du positivisme, considéré comme le père de la sociologie. “Délivrer l'occident d'une démocratie anarchique et d'une aristocratie rétrograde, pour constituer, autant que possible, une vraie sociocratie qui fasse sagement concourir à la commune régénération toutes les forces humaines.” (Catéchisme positif, 1852). Au début des années 1970, Gérard Endenburg (ingénieur hollandais) a institué, pour l'entreprise qu'il dirigeait, un nouveau style de gouvernance issue des théories systémiques qu'il a nommé sociocratie. C'est son fondement moderne.
On peut citer aussi l'holacratie (Holacracy, une marque déposée aux USA) qui a repris le concept de sociocratie (Brian Roberston, 2010) en y développant des dispositifs plus rigoureux. Il est préconisé que chaque groupe/cercle soit doté d'une large autonomie et que pour atteindre ses objectifs, il utilise des outils différents pour les réunions de gouvernance et les réunions opérationnelles.
La sociocratie est un mode de gouvernance qui permet à une organisation, quelle que soit sa taille, de fonctionner efficacement sans structure de pouvoir centralisée, selon un mode auto-organisé et de prise de décision distribuée. Elle s'appuie sur la liberté et le co-responsabilisation des acteurs. Dans une logique d'auto-organisation, faisant confiance à l'humain, elle va mobiliser l'intelligence collective au service d'objectifs communs. Cette approche permet d'atteindre ensemble un objectif partagé, dans le respect des personnes, en préservant la diversité des points de vue et des apports de chacun, tout en prenant appui sur des relations interpersonnelles de qualité. La sociocratie utilise des techniques fondées notamment sur le fonctionnement en cercle, la prise de décision par consentement, l'élection sans candidat, ainsi que le double lien entre les cercles.
Mis à jour à Lyon en CO, le 20 avril 2024 refonte complète.