Édito
Avec ce numéro du printemps 2023, À Dire poursuit son exploration du thème de l’emprise. Dans le précédent numéro nous avions observé les différents contextes et les moyens par lesquels se déploient les relations d’emprise : dans les milieux religieux, les familles incestueuses, les relations thérapeutiques abusives . Fernande Amblard nous rappelle d’ailleurs utilement les fondamentaux de la construction d’un narcissisme pervers dans la torsion de la relation de l’enfant à ses figures parentales. Nous regardons maintenant le processus de déprise, de sortie de l’emprise.
Sophie Debauche nous propose de décaler notre regard en modifiant notre langage : elle substitue aux termes de bourreaux et victimes ceux d’empriseur et emprisé(e) et nous invite à regarder le fonctionnement de cette dyade. Ce numéro fait aussi une large part aux témoignages de personnes « emprisées » sur leur processus de déprise et leur reconstruction, en particulier celui de Chantal Masquelier qui a interwievé quatre personnes. L’article de Brigitte Baronetto a cette originalité de nous partager une situation dans un contexte peut-être inhabituel pour nous : celui du bénévolat social.
Il sera aussi question, avec Florence Krieg et Yolande du Fayet de la Tour, de l’action des thérapeutes au sein des organismes chargés d’entendre les personnes victimes d’abus dans l’Église catholique.
Vous trouverez, dans notre rubrique Pour aller plus loin, une présentation des organismes ressources qui recueillent les témoignages (y compris lorsque les faits sont prescrits) et agissent pour la prévention ou la réparation des abus, en particulier sur les mineurs.
Deux textes viennent solliciter notre réflexion sur le thème de la liberté, de la libération. Mari-Pierre Sicard-Devillard, psychanalyste, nous parle de la libération du thérapeute de toute intentionalité, et Rose Jean-Luc Christin, dans sa Chronique, nous invite à évoluer dans notre pratique de la Gouvernance Partagée pour trouver ensemble une voie qui nous permette d’avancer, de construire nos projets, tout en faisant place au « ça qui pousse ».
Et bien sûr nos J’ai lu – j’ai vu pour éveiller vos appétits de lectures, films et autres !
Je concluerai avec ces mots de Marie-Pierre Sicard-Devillard :
Aller vers la liberté, ce n’est pas un trajet linéaire, en continu. Mais on peut le décider, comme d’entrer dans un pays après avoir passé la frontière de ses peurs et de ses angoisses.
Bonne lecture et n’oubliez pas que vous pouvez commenter les articles dans l’encadré prévu à la fin de chaque texte.
Notre prochain numéro sera consacré au thème suivant : « Au-delà des technologies, l’humain ».
Emmanuelle Gilloots
À Dire n° 5 - Printemps 2023 - Sommaire
De l’emprise à la dépriseÉdito : Emmanuelle GillootsArticles :1 - De l’emprise à la déprise ;...
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