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À Dire PÔLE ÉCRITURE
14 décembre 2022

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Oser faire une place au contact avec la nature

Pendant des années cette tension douloureuse a rythmé mes semaines : le dimanche je suis heureux d’être en forêt, en contact avec les sensations de la vie qui circule, et dès le lundi je m’assois entre quatre murs face à mes clients, quasiment immobile, avec cette impression d’être isolé du monde vivant.

Comme il m’aura fallu du temps pour envisager cette idée pourtant simple : puisque le contact avec la nature me fait du bien, il peut être une ressource pour la psychothérapie de certains de mes clients.

Avant d’étudier l’Analyse Psycho-Organique puis l’EMDR, j’ai exercé pendant une douzaine d’années le métier de danseur dans des spectacles souvent itinérants en espaces naturels, plongeant le corps en lien direct avec les arbres, la terre, l’eau, le vent. Tellement bon… indicible à l’époque. Avec le recul je m’aperçois comme ces expériences prolongées ont éveillé mes canaux sensoriels (toucher et odorat en particulier), stimulé ma pulsion de vie, et m’ont offert d’intérioriser le sentiment durable d’un « oui à m’incarner » dans ce monde vivant.

Pourtant, bon élève, j’ai pratiqué comme on m’avait enseigné : dans des boites-cabinets, sans questionner cette norme sociale vécue comme « allant de soi ». Il a fallu que je souffre d’un certain ennui, après 10 ans à travailler en cabinet, pour oser vraiment me demander : pour quoi est ce que je reçois dans une boite ? Ne m’étais-je jamais sérieusement posé la question ? À vrai dire, non.

Je partageai alors timidement mes envies de faire une place au contact avec la nature dans la psychothérapie. « Mais tu ne vas pas travailler hors cadre ? » sourirent certains collègues avec un mélange d’inquiétude et d’envie. J’ai vécu quelques mois dans l’angoisse d’être condamné pour hérésie, le temps de comprendre l’équivalence abusive que cachait cette question « Mais tu ne vas pas travailler hors cadre ? » : comme si dehors on était hors cadre, comme si le cadre de la thérapie était un objet matériel à quatre coins.

En m’appuyant sur mes espaces de supervision j’ai alors repensé la fonction contenante du cadre, qui n’est pas une boite, mais un lien contractualisé et structurant, qui quand il est suffisamment intériorisé peut devenir mobile. Je me suis appuyé sur les théories des médiations pour que le face à face de la relation thérapeutique devienne un côte à côte en mouvement, dans un paysage naturel qui devient le support d’une rencontre avec soi. Une rencontre avec soi, mais aussi avec le grand autre qu’est l’écosystème vivant qui nous porte et nous contient : en cela le contact avec la nature est une médiation bien différente de la pâte à modeler, du dessin, du théâtre ou de la danse. Je vous propose de le découvrir à travers l’exemple d’une séance vécue au bois de Vincennes avec ma cliente que nous appellerons ici Manon.

Manon et la perte d’élan

Après plusieurs années de travail en cabinet sur le désordre de sa famille d’origine violente et incestuelle, Manon a construit davantage de sécurité relationnelle, mais la dépression reste menaçante : elle perd trop souvent le contact avec son élan vital. Maintenant qu’elle met mieux à distance les liens abusifs, un enjeu thérapeutique est d’accéder de façon plus durable à la sensation de son plaisir de vivre. Mais sous la pression d’un métier sédentaire, sans réelle place pour la vitalité de son corps, la palette de ses sens est anesthésiée. Son mode de vie urbain la tient à l’écart des autres qu’humains, alors qu’elle me raconte comme ses rares escapades en nature l’animent. Je me demande si elle a vraiment choisi cette façon de vivre, ou si elle subit une norme sociale qui l’isole du vivant.

Faisant l’hypothèse que le contact avec la vie du dehors peut réveiller la vie du dedans, je lui propose un jour une séance itinérante au parc, afin qu’elle soit stimulée sensoriellement et qu’elle soit en situation d’aller vers les liens qui lui font du bien. Elle me dit qu’elle souhaite vivre cette expérience.

Nous nous retrouvons la fois suivante à une adresse que je lui ai communiquée en bordure du bois de Vincennes et dans un premier temps je lui propose un chemin ; tandis que nous marchons côte à côte elle me raconte, en ce début de septembre, comme son été a été animé par de belles rencontres. « C’est moi qui ai organisé ces moments, c’était bien, je sais que je peux le faire, mais maintenant je retrouve la solitude, j’ai peur de m’encroûter à nouveau, peur du vide, de m’ennuyer. » Je lui propose alors qu’elle soit plus attentive aux sensations de ses pieds sur le sol irrégulier, de l’air chargé d’odeurs qui rentrent en elle, de sa peau qui capte le léger vent.

Elle marche en parlant moins à présent, son souffle semble s’approfondir. Puis je lui propose de choisir le chemin où elle veut nous emmener, en se laissant librement attirer par les lieux qui la touchent. Son regard se relève du sol, se pose sur le paysage.

Manon longe un étroit canal ; après plusieurs minutes elle s’approche d’une toute petite cascade. Je la suis, puis après un temps de contemplation je lui demande ce qu’elle voit. « Mes vacances c’était comme ça : un flot de mouvement, d’énergie… » Puis elle me montre l’eau immobile chargée de feuilles en bas de la cascade : « Mais j’ai peur de stagner à nouveau. » Il me semble qu’en me montrant le dehors, Manon me parle à présent de son dedans ; je décide d’approfondir ce jeu de miroir. Quand je lui demande ce qu’elle aimerait faire dans cette situation, son regard se fixe sur l’accumulation de feuilles immobiles, puis après un moment de silence elle murmure : « J’ai envie de déboucher, pour que ça coule. »

« Et si tu osais, le faire en vrai ? » lui dis-je ; elle hausse les sourcils, dubitative. Souvent c’est dans l’imaginaire que s’exprime son désir ; va-t-elle ici s’autoriser à l’explorer en acte ? Elle hoche finalement la tête, sourit, puis me montre un long bâton sur le bord. Quand elle l’a en main, elle me demande de l’accompagner, avec un bâton aussi. Nous voilà prendre pied sur des pierres sèches, juste au-dessus de l’eau qui stagne sous la petite cascade ; je fais comme elle : nous écartons les feuilles entremêlées au bois mort. « Ça y est, ça coule ! », lance-t-elle, avec une certaine jubilation. Elle nomme qu’elle est contente, je l’invite à sentir où dans son corps elle sent cela, à le mémoriser.

Pendant ce temps j’observe que sous les feuilles mortes qui flottent encore sur le côté, où Manon voyait de la stagnation, nagent des centaines d’insectes et de petits vertébrés aquatiques. Ce qui paraît mort peut donc cacher de la vie… Avec l’intention de l’aider à changer de regard sur ses périodes de repos, de solitude, à avoir un regard moins binaire sur elle-même, je choisis d’attirer son attention sur ce que nos bâtons ont découvert. Elle s’approche de l’eau, observe et partage : « oui, ce n’est pas si mort que ça… » Il s’en suit un dialogue qui la mène à nommer ce qui habite les périodes de sa vie qu’elle nomme vides : de l’écriture de projet, de la cuisine, du tri, de la préparation, de la lecture, des conversations téléphoniques… Quand je lui montre l’eau et demande « à quoi ça sert, ce qui stagne là ? », elle me dit finalement que ce qui pourrit fait de l’engrais ; elle associe ensuite sur ses périodes de ralentissement.

Soudain Manon pousse un cri, me montre à nouveau l’étendue d’eau sous la cascade : « Oh non, ça se rebouche ! » Et en effet, le flux d’eau vive qui a circulé quand nous avons dégagé les feuilles avec nos bâtons est à nouveau obstrué par d’autres branches et feuilles amenées par le canal. « C’est à recommencer » dit-elle, en reprenant son bâton pour dégager à nouveau le flux. Je la laisse vivre cela, puis lui demande ce que cette situation dit d’elle. Elle me parle de son désir qui retombe après des périodes remplies comme cet été. Intérieurement je me demande : y aurait-il des analogies entre la vie psychique de Manon et ce qui se produit dans ce paysage ? Je lui propose alors d’imaginer qu’elle peut apprendre quelque chose de ce qui se passe là, de la nature qui lui montre quelque chose. Elle semble partir dans une rêverie, avant de lâcher : « C’est à moi de déboucher, encore et encore ». Je choisis de répéter sa phrase à voix haute, pour qu’elle l’entende bien : « C’est à moi de déboucher, encore et encore ». J’ose une blague : « le corps de qui ? » « Le mien », répond-elle en souriant.

Sur le chemin du retour, je demande à Manon ce qui est important dans l’expérience qu’elle vit aujourd’hui. Le thème de l’acceptation émerge d’abord : vivre le creux comme une phase normale, en avoir moins peur. Elle me parle aussi de sa capacité : ces rencontres heureuses de l’été, elle les a créées ; « déboucher » c’est oser aller vers, et ça n’est pas fait une fois pour toutes, c’est toujours à recommencer.

Comment lire cette séance itinérante, en quoi a-t-elle été thérapeutique ? Je vous propose ces trois principes organisateurs :

1- Les trois niveaux de rencontre avec la nature

Manon entre en contact avec le paysage d’abord sensoriellement, quand je l’invite dans la marche initiale à être attentive aux sensations spécifiques qu’offre ce lieu à ce moment. Puis quand elle me montre la petite cascade et me dit « Mes vacances c’était comme ça… », elle investit le paysage comme un espace projectif qui lui permet de mieux symboliser ce qu’elle vit ; idem pour les feuilles immobiles évoquant la « peur de stagner à nouveau. » Cette projection dans le paysage offre la possibilité d’une expression, qui peut être non seulement du verbe, mais aussi une action transformatrice. Enfin Manon rencontre la nature à un troisième niveau, sous la forme d’un enseignement, quand elle découvre que ce qui semble mort cache du vivant, et aussi que ce qui est débouché finit par se reboucher, avant d’être redébouché…. Ici le paysage vivant laisse voir ses lois, ses fonctionnements, dont certains sont en analogie profonde avec les nôtres ; en effet nos corps, nos psychismes, sont incarnés dans la matière de l’écosystème, sont modelés par ses lois, ses cycles. La personne qui chemine en psychothérapie dans un espace naturel peut donc se trouver elle-même, mais aussi rencontrer de l’autre, un autre qui peut faire sentir du commun.

2- Je – tu – elle

Quand dans cette séance Manon marche dans le bois, c’est à mes côtés, face à la nature, mais en lien avec un humain. Et tout au long de ce parcours je prends soin de maintenir son contact avec ce triangle sécurisant et structurant : je – tu – elle ; c’est le deuxième principe organisateur. Quand elle me demande de venir avec elle déboucher l’eau, c’est comme si elle pensait « je te demande à toi de m’accompagner vers elle ». Cette modalité relationnelle crée du tiers, favorise le processus de création, atténue la dissociation entre le monde humain et le monde naturel.

3- Sensation – émotion – pensée

Un troisième principe qui organise cette séance itinérante est le lien entre ces trois registres ; quand Manon écarte les feuilles entremêlées au bois mort (sensation de son corps en action) elle peut me dire ensuite « Ça y est, ça coule ! » (pensée), nomme comme elle est contente (émotion), et le sent dans son corps (sensation de l’émotion). En effet c’est en mobilisant simultanément nos différentes structures corticales et subcorticales que nos charges émotionnelles vont le plus facilement s’activer et se transformer. Le contact avec la nature facilite cette activation simultanée par la richesse de ses stimulations sensorielles, par la diversité des situations qu’induisent ses paysages et par les possibilités d’action qu’elle offre.

Conclusion : un bénéfice partagé

Qui profite de ce travail au-dehors ? Manon a souhaité vivre plusieurs séances itinérantes ; au fil du temps ses élans créatifs s’incarnent davantage et elle accepte mieux les passages de solitude. Il serait trop simpliste d’y voir une conséquence directe, mais la façon dont elle me reparle de certains moments clés vécus en nature me donne à penser qu’elle les a durablement intériorisés. J’observe aussi que s’élargit la brèche qui fissure son isolement du vivant : elle part plus souvent à la campagne.

De mon côté ces sorties sont une respiration dans mes journées au cabinet ; au soleil ou sous un parapluie, elles m’offrent de travailler dans le mouvement, dans la joie d’être immergé dans la poésie du vivant. Les journées du groupe continu « Ma nature » qui se déroulent un samedi par mois en forêt, parfois sous une bâche ou autour d’un feu, me font vivre des voyages savoureux où nous tissons le prévisible et les émergences inattendues offertes par une lumière ici, là le vol d’un groupe d’oiseaux ou l’enchevêtrement d’un faisceau de lianes… Un voyage où le sauvage est présent. J’ai plaisir aussi à faire une place au contact avec la nature dans les stages que je coanime avec la Gestalt thérapeute Célestine Masquelier ; en effet le regard gestaltiste, qui lie de façon indissociable organisme et environnement, se prête particulièrement bien à un dialogue avec le paysage naturel.

Enfin j’ai la conviction que cette ouverture invite nos clients à regarder autrement le paysage naturel, rencontré progressivement non plus comme un ensemble de choses, mais comme un tout vivant, comme un être-écosystème dont nous pouvons apprendre. Cela peut donc être un passage vers ce que le philosophe norvégien Arne Naess a baptisé l’écologie profonde. C’est un aspect qui a beaucoup de sens à mes yeux : diffuser cette pratique, notamment en formant des professionnels, fait partie de mon processus de traversée de l’écoanxiété.

Oser vivre une forme de liberté dans le métier de la psychothérapie - qui me semblait auparavant si rigidement codifié – m’a amené à grandir ; il m’aura fallu pour cela, tel un enfant, questionner certaines normes sociales, interdits et habitudes impensés qui se font passer pour sensés.

Yann Desbrosses

Yann Desbrosses pratique la psychothérapie en Analyse Psycho-Organique, EMDR, et l’écopsychothérapie en individuel et en groupes. Superviseur, formateur en écopsychothérapie, il a créé le site www.ecopsychotherapie.fr

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