La Chronique
Lendemains de Rencontres Gestaltistes
- « Tu nous écris ça pour À Dire ?
- Je peux te citer ?
- Vas-y
- Dac, je te ferai lire avant et on finira l’écriture ensemble. »
Il nous est arrivé des moments forts dans ces Rencontres Gestaltistes 2024. Le dispositif était nouveau car les moments incontournables de régulation administrative ont été complétés par des propositions d’ateliers créatifs venus enrichir notre engagement dans la Gestalt-thérapie. Ainsi la Gouvernance Partagée trouve toute sa place et son intérêt au service de notre approche clinique. Dans l’assemblée, nous comptions environ un tiers d’anciens pour deux tiers de nouveaux venus goûter à notre mouvement.
Je m’appuie sur deux anecdotes pour vous raconter l’ambiance.
Nous avons entendu Chantal Masquelier nous dire, dans un moment de restitution, « Au lieu de me sentir responsable et parfois coupable, je viens d’expérimenter le lâcher prise, et le faire confiance ».
Après 1h45, alors que nous venions de finir par valider le document « statuts » de la fédération, j’ai pensé que c’était mal engagé pour valider le règlement intérieur, le lexique et la procédure de traitement des plaintes dans le temps restant d’1/4 d’heure, mais nous avons réussi cette gageure.
Nous avons fait confiance à celles et à ceux qui les avaient écrits et à leur processus d’écriture partagée. Ces documents avaient été écrits avec l’aide de tous les adhérents motivés, tout au long de l’année, au moyen du site, des commentaires et des modifications successives.
Dans ce Cercle d’Orientation minimaliste, le groupe a vérifié qu’il y avait eu beaucoup de commentaires, a rappelé que les adhérent-es ont été mobilisés à de multiples reprises tout au long de l’année pour participer, et a estimé qu’il pouvait valider en faisant confiance.
Le lendemain, la même Chantal a salué en clôture, comme tous ceux qui se sont exprimés, l’atmosphère joyeuse et détendue de ces deux jours. Elle a eu cette phrase : « Je vois avec plaisir que la gouvernance partagée peut être autre chose que la violence partagée qu’elle nous faisait vivre les premières années ».
Et c’est vrai que nous avons vécu une gouvernance partagée sereine, qui prend soin des personnes, selon l’ensemble des retours.
D’une part, je me dis que nous sommes de plus en plus nombreux-ses à maîtriser suffisamment la démarche pour lâcher prise dans la confiance, ce qui réduit les rigidités, et par là les affrontements, donc la violence qui en découle parfois. Nous sommes aussi de plus en plus à pouvoir donner des explications à celles et ceux qui nous rejoignent, ce qui leur rend l’acculturation moins violente.
D’autre part, j’ai vu que les espaces parallèles ont permis à tous de choisir. Participer à un atelier gestaltiste ou à un temps institutionnel, à tel atelier ou à tel autre. Certains temps ont beaucoup mobilisé, d’autres ont littéralement disparu. Les choses ont pris forme spontanément, sans contrôle du Copil (comité de pilotage des rencontres). C’est peut-être cela des rencontres à la mode gestaltiste : un fond, et quelque chose qui prend forme.
Une expression est entrée dans les orientations prioritaires pour l’an prochain : Continuer la gouvernance partagée « sur le mode gestaltiste ». Ce qui est clair pour moi, c’est que ça ne veut rien dire « sur le mode gestaltiste », tout le monde peut lire ce qui l’arrange. C’est sans doute une force de cette expression. Mais en concluant cette chronique, je me dis que notre gouvernance partagée, c’est sans doute quelque chose qui fait de la place à ce qui pousse, à ce qui est là, en se libérant des règles, tout en étant capable de se discipliner dans un processus collectif quand la situation le nécessite pour avancer.
Rose Christin
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