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À Dire PÔLE ÉCRITURE
18 décembre 2025

J’ai lu : La fille de la supérette, de Sayaka Murata

La Fille de la supérette, publié en 2016 au Japon et traduit en français en 2020, est un court roman de l’écrivaine japonaise Sayaka Murata. Il met en scène Keiko Furukura, une femme qui travaille depuis dix-huit ans à temps partiel dans une supérette de Tokyo (un konbini).

Keiko est différente depuis l'enfance. Bien qu’elle ait fait des efforts et trouvé des compromis pour avoir l'air ''normale'' aux yeux des autres, en particulier en essayant de les imiter, cela n’a jamais été suffisant, et elle n’a jamais réussi à entrer dans le moule : bien qu’ayant fait des études supérieures, elle n’a pas suivi le parcours des jeunes femmes de sa génération dans la société japonaise : travail qui correspond au niveau d’études, mariage, enfants et finalement vie au foyer.

A 36 ans, célibataire, sans véritable vie sociale, Keiko mène une existence rythmée par les protocoles et rituels de son travail. Elle trouve dans la supérette un environnement structuré, prévisible, axé sur des procédures, ce qui lui donne un équilibre qu’elle ne réussit pas à atteindre quand elle s’expose à la curiosité et aux remarques critiques de ses congénères. Elle ne renonce cependant pas à correspondre aux attentes de sa famille, et sous sa pression accepte un compromis qui donne l’apparence d’une vie de couple plus normée. Elle quitte la supérette et invite un homme à cohabiter chez elle, sans l’apprécier particulièrement ni sans réaliser qu’il est un parasite manipulateur. La famille alarmée la libèrera de ce mauvais pas, et elle fera alors le choix de retourner travailler dans un konbini, où elle retrouvera un cadre et les fonctions qu’elle exerçait précédemment, ce qui lui permettra de retrouver un équilibre et un ancrage.

Bien que La Fille de la supérette soit une œuvre de fiction, elle s’enracine dans une expérience profondément vécue par son autrice. L’auteur, Sayaka Murata a travaillé plus de dix-huit ans dans des konbinis, et y est restée employée même après avoir remporté pour son livre en 2016 un prix littéraire prestigieux. Son personnage, Keiko, est un miroir grossissant de ce que l’auteur a vécu dans son travail dans la supérette, et du choix qu’elle a fait d’y rester si longtemps. Ce lien entre fiction et expérience personnelle donne au récit son accent sensible et authentique.

Pour la thérapeute que je suis, ce récit m’évoque le rapport au monde d’une personne ayant des traits autistiques, sans que cela soit par ailleurs suggéré, ni même évoqué. C’est un roman en première personne, et pourquoi l’héroïne irait-elle se considérer comme entrant dans une catégorie, alors qu’il y a une évidence pour elle de fonctionner comme elle fonctionne, agissant, pensant, raisonnant, écoutant ses besoins. Face à elle il y a sa famille, ses camarades de lycée, les personnes qu’elle côtoie et qui attendent de sa part qu’elle se conduise de manière prévisible et conventionnelle. Ce décalage, elle le vit depuis son enfance, et elle ne cesse de recevoir des signaux lui indiquant la difficulté, l’incompréhension et la désapprobation qu’elle produit sur son entourage quand ses comportements ne correspondent pas à ce qui est attendu. Je retrouve chez elle ce qui questionne souvent les personnes qui prennent les choses littéralement et ont du mal à passer au second degré « mais pourquoi n’ai-je pas pensé de cette façon-là ? cela aurait évité que l’on me trouve bizarre, ou que l’on s’esclaffe de ce que je viens de dire, comme si je faisais de l’humour ». Grâce à la bienveillance de ses parents, l’héroïne arrive à trouver un équilibre en satisfaisant son besoin de prévisibilité et de répétition, ce qui la sécurise tout en évitant les relations trop personnelles et les exigences de conformité. Ici la routine du supermarché lui crée une enveloppe qui lui assure la tranquillité dont elle a besoin.

Se pose à cette occasion le rôle de la famille, de la société : faut-il laisser les personnes différentes dériver dans leur monde, mais au prix d’une mise en danger, ou bien leur apporter une guidance et continuer à leur donner des repères ou même fournir un apprentissage (parfois un dressage) qui leur assure en surface un minimum d’intégration sociale. C’est ce qu’essaie de faire, bien maladroitement et depuis le carcan des normes culturelles japonaises, la famille de Sakyaka. Par ailleurs, dans cette culture, il est de mise socialement de présenter un visage lisse et neutre et de garder pour soi les émotions ou les sentiments divergents. Mais la jeune femme n’arrive pas à gommer sa différence et nous pointe sa difficulté qui renvoie au sentiment d’appartenance : « Je les observe, un peu à l’écart, comme du temps où nous étions en primaire, et sens leurs regards posés sur moi comme sur une bête curieuse. Ah, me voilà redevenue l’intruse me dis-je distraitement. […] Dans ce monde régi par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté. » Et elle ajoute : « Voilà pourquoi je dois guérir. Autrement je serai éliminée par les personnes normales ». Donc pour elle guérir consiste à arriver à faire tout ce qu’il faut pour paraître une personne normale.

Récemment une patiente me disait « on me croit asociale, mais c’est faux : j’aime beaucoup être parmi les autres, à condition que l’on n’attende rien de moi, que je sois comme transparente, que je puisse habiter mon monde en leur présence, que je puisse bouger à ma façon sans leur paraître étrange et attirer l’attention sur moi ». N’est-ce pas une modalité d’être-avec que nous pourrions expérimenter à notre tour ? Le luxe de se décaler par rapport aux attentes et aux codes sociaux tout en se sentant inclus parmi les autres.

Le traitement littéraire de ce récit à la première personne est plein de subtilité et nous fait percevoir, comme par l’entrebâillement d’une porte, un monde perdu comme celui d’une enfance où le formatage n’était pas encore prégnant et où une multiplicité de possibles existaient. Le petit monde secret de l’enfant, fait de formes en gestation, où l’imaginaire et le sensible se mêlent pour créer des mondes parallèles encore habitables, avant que le cerveau ne s’organise en fonction des prescriptions qui donnent accès à la vie commune, la vie dite adulte. Ceci serait une condition pour se sentir appartenir à une « tribu » qui avance dans la même direction sans se questionner, et dont l’enveloppe commune en termes de normalité contient et rassure.

Ce roman nous fait pénétrer avec humour et légèreté dans une autre façon de se sentir exister, qui paraît ni moins bonne ni meilleure que celle que se fabriquent les « neurotypiques ». Il ne fait pas état de souffrance particulière, sinon la peur de l’exclusion, et les complications survenant lorsque les erreurs de décryptage de la réalité ont des conséquences fâcheuses - ce qui nourrit ici la trame dramatique. Mais le succès de ce livre (plus d’un million d’exemplaire vendus, de nombreux prix, et la traduction dans une quinzaine de pays) interroge : qu’est ce qui appelle le lecteur dans ce récit ? Son style factuel, concis, riche en détails et une interprétation inattendue des situations, qui nous font découvrir une autre façon d’être en rapport au monde ? Un éloge de la non-conformité ou de l’étrangeté qui n’est ici pas inquiétante, car empreinte d’humour et de naïveté ? Ou plus simplement une adhésion à la critique sociale, qui fait ressortir le conformisme et l’obsession de la réussite propres à la société traditionnelle japonaise, mais bien au-delà ?

L’intérêt de ce livre, et son tour de force, est qu’il reste dans l’ambiguïté et se tient à distance des catégories, et en particulier de la psychopathologie. Il questionne la frontière entre normalité et divergence, conformité et autonomie, mais laisse le lecteur libre de son interprétation. A mes yeux, il ne stigmatise pas la différence, et nous fait prendre le parti de de l’héroïne, face à ceux qui veulent la réformer : il n’y aurait rien à changer et à plus forte raison à guérir, car il n’y a pas de pathologie (bien que l’héroïne dise vouloir guérir de sa différence). Laissant de côté ce que j’ai qualifié de traits autistiques, je verrais juste une façon d’être singulière, ce qui nous renvoie à notre propre aspiration à vivre notre singularité, à échapper à une programmation socioculturelle et accéder ainsi à une dimension d’altérité. Cela va de pair avec une véritable curiosité et une aspiration à rencontrer l’autre dans ce qu’il a non seulement de différent, mais d’incompréhensible et de déroutant. Comme l’écrit Maldiney (1), « La rencontre a partie liée avec l’inattendu. Au moment où elle se produit, toutes les anticipations de l’attente sont en déroute. » Mon expérience me dit comment la rencontre avec des êtres « étranges » nous donne l’accès à un surplus d’existence.

Sylvie Schoch de Neuforn

(1) Maldiney Henri, Penser l’homme et la folie, Millon, 1991 p 316

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