Le gestalt-thérapeute et la crise sanitaire : Déconfinement
Le déconfinement s'annonce. Et même si nous n'avons pas encore une idée précise de la façon dont ça va se passer, nous pouvons déjà y réfléchir et essayer d'anticiper les aménagements nécessaires pour pouvoir recevoir nos patients en toute sécurité. En effet, le déconfinement ne signifie pas la fin de l'épidémie et il faut éviter une deuxième vague épidémique. Alors, faut-il devenir obsessionnel ?
Informer de la reprise des consultations en cabinet
Vous avez plusieurs options : attendre que vos patients vous appellent, ou prendre les devants et les informer de la date à partir de laquelle vous pourrez à nouveau les recevoir. Dans ce dernier cas, vous pouvez répartir vos patients en deux ou trois groupes qui seront ré-intégrés à votre agenda à une semaine d'intervalle de façon à vous donner le temps de vous roder avec les gestes barrière. Cette information peut se faire par SMS ou par mail (dans ce cas attention à mettre votre adresse en destinataire principal et vos patients en copie cachée).
Qui recevoir ?
Il peut être prudent de vérifier, lors de la prise de rendez-vous, si le patient a été atteint par le Covid-19 et à quelle date il a présenté ses premiers symptômes. Les médecins s'accordent à peu près à considérer qu'un patient n'est probablement plus contagieux environ 25 jours après les premiers symptômes. Une personne peut ne plus présenter de symptômes mais rester contagieuse. Avec les enfants il peut être difficile de travailler en respectant les distances de sécurité. Le matériel employé (jeux, peluches etc) doit pouvoir être lavé facilement à l'eau et au savon ou en machine à laver (30°). Pour les séances familiales ou de couple, la taille du cabinet doit permettre au thérapeute de respecter une distance suffisante avec la famille ou le couple dont les membres peuvent, par contre, être proches. Pour les séances de groupe, il est essentiel de vérifier avec chaque participant s'il a ou non été atteint par le Covid-19 comme expliqué ci-dessus.
Les précautions et gestes « barrière »
Certaines régions ont mis en place un système de centrale d'achat pour aider les professionnels à se fournir en matériel de protection. En Île de France, le site dédié est le suivant : https://smartidf.services . Attention, les quantités minimales à commander sont importantes et nécessitent de se regrouper à plusieurs praticiens (thérapeutes, paramédicaux...). Pour les autres régions, voir le site du Conseil Régional.
Le masque : il peut être intéressant pour les début et fin de séance, lorsqu'on risque de se croiser à moins d'un mètre, ou avec les enfants avec lesquels la distance est plus difficile à maintenir. Les patients vivant avec des personnes à risque ou présentant eux-même un risque (personnels soignants par exemple) pourraient porter un masque pendant la séance.
Le gel hydroalcoolique : important pour la désinfection des mains entre chaque patient, de préférence en présence du patient qui arrive et qui est invité à se désinfecter lui aussi. Le plus efficace et respectueux de la peau reste cependant le lavage des mains à l'eau et au savon pendant 30 secondes.
Le mobilier : la difficulté porte sur les parties de mobilier à proximité immédiate du patient et pouvant donc recevoir des postillons, ainsi que sur les accoudoirs des fauteuils et partout où le patient pose les mains. Le virus reste possiblement contagieux plusieurs jours sur les plastiques et le métal (poignées de portes), quelques heures seulement sur les tissus ou le papier. Vous pouvez avoir une série de toiles de coton dont vous couvrez le fauteuil du patient et que vous changez entre chaque séance. En fin de journée, un lavage en machine vous permettra de ré-utiliser ces protections le lendemain. Sur les accoudoirs et poignées de porte, une petite désinfection à l'eau savonneuse (ou un spray bactéricide) entre deux patients est nécessaire. Le praticien peut aussi veiller à ouvrir lui-même les portes pour que le patient n'ait pas à les toucher. Les sièges du thérapeute et du patient doivent être éloignés d'au moins 1m50.
L'aération : une bonne aération entre deux séances et une pulvérisation désinfectante peuvent être utiles mais on ne sait pas exactement si des virus peuvent rester en suspension dans l'air ambiant.
Les paiements : vous pouvez prévoir une boîte ou une corbeille où le patient dépose ses espèces (évitez les pièces) ou son chèque. Si vous attendez le lendemain pour les prendre, vous pourrez les toucher en toute sécurité.
Aménager son cadre
Toutes ces mesures peuvent être parlées, discutées avec le patient, en particulier avec les enfants (les soignants utilisent des peluches pour expliquer et montrer les soins, on peut faire porter un masque à la peluche) Les précautions de désinfection du cabinet peuvent nécessiter d'espacer les séances pour garder un temps libre d'au moins ¼ d'heure entre deux personnes. On peut aussi espacer pour que les personnes ne se croisent pas, décaler les rendez-vous par rapport aux autres praticiens (cabinets de groupe), demander au patient d'arriver juste à l'heure pour ne pas avoir à patienter en salle d'attente. Il peut être prudent d'indiquer au patient, lors de la prise de rendez-vous, que vous l'accueillerez (avec plaisir!) sans lui serrer la main. Dans les séances de groupe, précisez clairement vos règles pour les contacts physiques entre participants.
Et si le thérapeute a été infecté par le Covid-19 ?
Du point de vue médical, il doit observer un temps d'au moins 25 jours à partir de ses premiers symptômes avant de recevoir des patients. Mais se pose aussi la question éthique d'en informer ou non ses patients. Les informer pour respecter leur responsabilité et leur choix dans la décision de revenir au cabinet devrait se faire avant qu'ils reviennent, donc lors d'une séance par téléphone ou visioconférence pour que cette question puisse être mise au travail, explorer les peurs que cela déclenche, pour soi ou pour son thérapeute. Ne pas les informer c'est prendre ses propres responsabilités, mais c'est aussi prendre le risque que le patient l'apprenne autrement et que le lien de confiance soit rompu. La philosophie de la Gestalt-thérapie privilégie la coconstruction dans toute la mesure du possible, et le respect de la singularité du patient, autrement dit la recherche d'une solution spécifique et élaborée avec chaque patient. Le pôle Éthique et Déontologie de la FPGT est disponible pour réfléchir avec vous aux situations particulières : contact-deontologie@fpgt.fr
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