Courrier des lecteurs
Comment ça va pas, de Delphine Horvilleur
Merci pour la revue A-Dire. J'ai lu le commentaire de lecture sur le livre de Delphine Horvilleur qui est bien écrit et explique les sentiments et les réflexions de l’autrice. Ce récit m’a touchée mais je retiens surtout, du fait de ne pas être juive, un sentiment d'impuissance face à ce peuple et les autres autour. Dans une guerre, tout le monde souffre sauf ceux, peut-être, qui l'ont déclenchée. Je peux aussi ressentir de la compassion pour la souffrance de ces gens et je me demande comment cela va se poursuivre, si la guerre s’arrête et qui en profitera politiquement le plus ? Je me sens dans la confusion devant cette complexité des pouvoirs. Mais heureusement que des personnes telle Delphine Horvilleur, qui ont des origines juives, osent en parler. Et je remercie ceux qui prennent la plume pour bien déchiffrer ce qu'elle veut dire.
J'ai aussi bien aimé le témoignage d’Esther Galam.
Un récit vivant et troublant, qui révèle avec honnêteté et clarté, ce qui la traverse en tant que thérapeute, suite à ce massacre. Je suis impressionnée par ces femmes qui sortent du bois tout en friche où se niche la souffrance enfouie, afin que soient débusquées les violences et les horreurs. J’admire qu’elles osent parler de ce qu’elles ressentent et l’écrivent pour que d’autres soient mis au courant afin qu’adviennent la bienveillance, l'amour, la joie…
Voilà mes pensées juste après avoir lu les textes. J'ai pris du temps, mais je suis contente d'avoir un aperçu de ce que ces personnes ont vécu et vivent peut-être encore au cœur de cette guerre. Vous citez aussi la dimension transgénérationnelle chez Delphine Horvilleur, ce qui me fait ressentir combien les générations successives portent la douleur depuis bien des temps.
Antoinette de Mandach
Pierre Janin, L’esprit de l’approche gestaltiste.
Dans son article, Pierre Janin nous propose une vision de la relation thérapeute-patient inspirée de la volonté des fondateurs de la Gestalt de retrouver une sorte de rapport « naturel » à l’autre, une relation dans laquelle chacun exprime son être et s’ajuste à la réalité de l’autre dans une coconstruction permanente. Il décrit ainsi le processus relationnel : constater la situation en cours dans une présence attentive, puis agir ou réagir à cette situation, amenant ainsi du « nouveau » que l’autre aura alors à constater avant d’y réagir à son tour.
Je retrouve là les valeurs d’humilité et de simplicité de Pierre et son humanité profonde. Cependant je ne peux le suivre s’il envisage ainsi la relation entre un thérapeute et son client/patient. Sa description est en effet un déni de la dissymétrie de cette relation et des enjeux inconscients qui la traverse. Peut-on véritablement imaginer que ce qui vient du thérapeute soit toujours du « nouveau » ? Que ses réactions ne soient pas configurées par des processus tels que l’identification projective ? Il oppose présence et réflexion-élaboration-pensée stratégique. Dans cette vision, le thérapeute procède par essai/erreur en tentant chaque fois de renouveler ce qu’il apporte dans la relation, dans une « spontanéité » qui serait « naturellement » créatrice.
Dans cette vision du face-à-face thérapeutique, nul place – parce que nul besoin – pour la déontologie : la loi ne fait plus tiers, ne confronte plus le thérapeute à la dissymétrie de la relation et à sa responsabilité. Tout n’est plus qu’affaire de coconstruction.
Autant je partage pleinement sa prise de distance vis-à-vis de l’individualisme forcené de notre culture et la nécessité de réapprendre à faire du nous, à prioriser l’intérêt collectif, à prendre en compte la singularité de chacun pour enrichir le collectif, autant je ne peux souscrire à une posture qui substitue l’objectif (des relations simples et spontanées) au lent processus d’apprentissage qui nécessite que le thérapeute soit en capacité d’assumer la charge de clarifier pour lui-même et pour son patient tout ce qui fait écran dans la relation à soi-même et à l’autre, en s’appuyant sur la déontologie.
Celle-ci n’est pas une abstraction venue d’un ailleurs sans rapport avec la relation thérapeutique en cours. Elle est justement une création collective, expression de la sagesse et de l’expérience de générations de praticiens, posée là pour servir d’appui et permettre au praticien de se décoller des enjeux de la relation, les conscientiser et ne pas se déresponsabiliser en se cachant derrière sa supposée spontanéité.
Sortir de l’individualisme c’est aussi accepter que la construction collective soit prioritaire par rapport à mon mouvement spontané et personnel.
Emmanuelle Gilloots
Édito
En début d’hiver dernier, quand nous échangions sur les textes reçus pour le numéro précédent,...
Pantoum Camille
Brigitte BaronettoVers 1 : Je vous regarde Camille, éteinte, recroquevillée, emmitouflée dans...
L'impact
Dans l’intention d’écrire sont présentes tout d’abord à mon esprit des patientes abusées,...
Sentir, savoir… distinguer et relier
Avertissement : les auteurs et ouvrages cités dans ce texte renvoient à la rubrique “Pour aller...
Plouf !
Ce thème de la conscience nous amène directement aux sources de la Gestalt. Il en était déjà...
Mémoire de Fœtus
Il était une fois Milieu Hostile dans lequel il ne faisait pas bon vivre et grandir.Il était une...