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À Dire PÔLE ÉCRITURE
16 juin 2025

Sentir, savoir… distinguer et relier

Avertissement : les auteurs et ouvrages cités dans ce texte renvoient à la rubrique
“Pour aller plus loin”  de ce numéro de Àdire.

1 - Des concepts pour mieux ressentir

J’aime beaucoup faire des distinctions entre des concepts voisins. Par souci de différencier ce qui est mêlé, donc de créer plus d’ordre et de clarté dans mes pensées, mais aussi par jeu. La langue est notre trésor, et il est important de mettre de la conscience dans la façon dont on l’utilise. Le jeu consiste alors à se donner les moyens d’explorer, et accéder à la satisfaction que cela procure, comme lorsque, par exemple, nous cherchons un mot dans le dictionnaire et découvrons sa signification exacte (pour autant que l’on puisse parler d’exactitude, car par son usage le mot déborde toujours la signification). Nous acquérons alors des outils pour construire du sens et pour le partager. Cela donne le sentiment d’être augmenté et d’avoir développé son agentivité (notre faculté d'agir de manière intentionnelle sur notre environnement).

Cependant, lorsque nous croyons avoir capturé le sens, nous nous apercevons qu’il est contingent, que chacun le colore de sa subjectivité, que ses acceptions reposent sur des systèmes de croyances et des représentations, ainsi que sur des vécus. Nous avons besoin alors de contextualiser. Le sens d’un mot doit être compris d’après la façon dont il est employé dans le groupe qui l’utilise. Si on le réduit à sa signification lexicale, on échoue à rendre compte du phénomène ou de l’intentionnalité.

Comme gestalt-thérapeutes, nous sommes invités à affuter notre outil sensible, à développer notre awareness pour détecter les infimes signaux liés à des variations venant de notre corps et de notre environnement, les identifier et leur donner forme. Leur expression passe par la parole (mais pas seulement, car il y a le langage non-verbal), et celle-ci peut prendre une tournure métaphorique ou poétique pour mieux correspondre à la spécificité de ce qui est présent et lui garder sa chair. Nous repérons lorsque notre patient se met à généraliser ou à conceptualiser à partir de son expérience, et nous essayons de le ramener à son vécu.

A l’inverse, chaque concept a son ressenti, qui varie avec le temps, les circonstances et les représentations qui y sont liées. Prenons un exemple : fut un temps où la mondialisation me paraissait un bienfait, ce concept résonnait en moi comme une ouverture, un espace mental plus vaste, une légèreté, un élargissement de ma cage thoracique. Puis m’en sont apparus les méfaits, comme l’uniformisation et l’écrasement des cultures traditionnelles, et son évocation s’est mise à générer un sentiment de perte, d’ennui, ainsi que de menace, et je ne sens plus dans mon corps l’allant pour aller découvrir, comme si quelque chose se retirait vers l’intérieur. Cela me semble illustrer ce que dit Merleau Ponty, dans Phénoménologie de la perception : « Si nous ne considérons que le sens conceptuel et terminal des mots, il est vrai que la forme verbale […] semble arbitraire. Il n’en serait pas ainsi si nous faisions entrer en compte le sens émotionnel des mots ».

Les concepts auraient ainsi une signification ressentie. Mais quand dans leur usage ils sont désarticulés d’avec les sens, désincarnés en quelque sorte, ils entrainent une désaffection pour l’élaboration intellectuelle. J’ai l’impression que c’est souvent le cas chez les gestaltistes. La Gestalt-thérapie propose une méthodologie qui repose sur une théorie qui revendique ses racines philosophiques, parmi lesquelles l’approche phénoménologique et existentielle, le pragmatisme, et ne renie pas sa filiation psychanalytique. Elle s’appuie sur des concepts originaux, contrairement aux nouvelles approches qui cherchent leur validation dans des références neurophysiologiques que leur vulgarisation rend souvent approximative et biaisée. Ce détachement se fait conjointement à une survalorisation des émotions (et c’est un phénomène qui concerne les tendances de la société actuelle, même dans le monde politique), privilégiée par l’expression immédiate et spontanée des affects comme sur les réseaux sociaux, au dépend des débats d’idées ou du ciselage des termes employés.

Je vais m’attacher ici en particulier aux termes sentir et savoir. Ils semblent parfois se recouvrir. Et pourtant, ils ouvrent deux mondes. Je sais que je suis triste n’est pas équivalent à je sens comme une tristesse monter. Dans le premier cas, une étiquette a déjà été posée ; dans le second, l’expérience est en train de se déplier, encore informe mais mouvante. Le je sens donne accès à l’immédiateté du vécu, tandis que le je sais suppose une mise à distance, une forme de clôture.

En Gestalt-thérapie, nous sommes vigilants à faire la distinction. Nous observons souvent que nos patients sont enfermés dans des savoirs figés : « je sais que mon père ne m’aimait pas », « je sais que je suis incapable de… ». Or ces affirmations, qui sont des croyances, s’enracinent parfois dans des ressentis anciens, figés eux aussi, mais qui ne demandent qu’à se réactualiser dans l’ici et maintenant.

2 - Avec Ito Naga : poétiser le sentir et le savoir

C’est en lisant deux courts ouvrages d’Ito Naga, Je sens et Je sais, que j’ai été frappée par la puissance évocatrice de cette polarité. Ito Naga est le nom de plume d’un astrophysicien français, qui a de fortes accointances avec le Japon. C’est une tradition littéraire japonaise d’écrire des textes sous forme de listes. Ses livres s’y inscrivent.

Dans Je sens, l’auteur nous invite à explorer un champ très large du sentir. C’est une mise en mouvement personnelle de sa pensée par le biais de la sensation, de l’intuition, de l’évocation. On y lit par exemple : “Je sens que cette musique me rappelle quelque chose”, “je sens un truc bizarre chez mon voisin”, “je sens que je vais m’endormir”. Le Je sens de Naga n’est pas là pour prouver quoi que ce soit. Il se présente sans justification. Il existe. Il propose un accès direct au monde, parfois ténu, souvent étrange. Ce texte m’a fait toucher à quel point le sentir peut être une modalité d’existence à part entière, sans être subordonnée au savoir.

Dans Je sais, c’est un autre jeu qui se déploie : celui de l’énumération absurde, poétique, décalée. “Je sais que le bleu ciel n’est pas le bleu du ciel”, “Je sais que dans le vide cosmique les anges n’ont pas besoin d’ailes”, “Je sais qu’un ange sans ailes, ce n’est pas tout à fait un ange”. Ce Je sais n’est pas un savoir affirmatif ; c’est un savoir douteur, un savoir joueur. Il sape le sérieux du savoir pour en révéler la dimension subjective, imagée, parfois même enfantine.

En reliant ces deux textes, j’ai vu se dessiner une invitation : celle de danser entre les deux registres, de ne pas les confondre, mais de ne pas les opposer non plus. En thérapie, nous aidons souvent à réhabiliter le je sens dans une culture qui nous bombarde d’informations et survalorise le je sais. Il ne s’agit pas de rejeter le savoir – plutôt d’en accueillir les formes souples, nuancées, ouvertes.

3 - Apports phénoménologiques : Straus, Damasio, James et les autres

Erwin Straus est souvent cité car il commence le chapitre 6 (“De la différence entre le sentir et le connaître”) de son ouvrage Du sens des sens par l’affirmation : “le sentir est au connaître ce que le cri est au mot”, montrant ainsi que cette oscillation entre savoir et sentir est au cœur de l’approche phénoménologique. Il nous rappelle que les sens ne sont pas seulement des canaux d’information, mais des modalités existentielles de relation au monde. Sentir, c’est déjà être en lien, déjà être affecté. Ce n’est pas une réception passive, mais une participation.

En Gestalt-thérapie, cette idée prend tout son sens : lorsqu’un patient est déprimé, nous observons souvent que ce ne sont pas seulement ses pensées qui sont ternes, mais aussi son univers sensoriel : les couleurs semblent plus fades, les sons plus plats, les odeurs absentes. Le monde n’est plus habité de la même manière.

Antonio Damasio, de son côté, réunit les dimensions affectives et cognitives du cerveau : il n’y a pas d’un côté un cerveau pensant et de l’autre un cerveau sentant. Tout est intriqué. La conscience naît de cette interaction permanente entre données corporelles et processus mentaux (voir J’ai lu Sentir et savoir dans la rubrique J’ai lu – J’ai vu de ce numéro).

William James, quant à lui, posait cette question vertigineuse : « si une croyance était fausse, que changerait cela à notre manière d’exister ? » La vérité, dans ce cadre, n’est pas une donnée fixe, mais une expérience vécue.

Ces apports nous rappellent que sentir et savoir ne sont pas des catégories séparées, mais des manières d’être au monde, qui dialoguent, se nourrissent, se contredisent parfois, mais ne peuvent être pensées indépendamment.

Mais cela convoque aussi d’autres distinctions : sentir, savoir, certes, mais aussi percevoir, connaître, comprendre, éprouver, faire l’expérience, ainsi que les substantifs : le vécu, la conscience, l’awareness et la consciousness, sans compter le « il y a » du champ phénoménologique et les sentiments atmosphériques. Au risque de ne plus rien savoir…

4 - Fécondité du « je ne sais pas »

En séance, il n’est pas rare d’entendre un patient dire : « je ne sais pas ». Parfois c’est une fuite. Parfois c’est une réalité. Ne pas avoir accès à son ressenti peut être le signe d’une dissociation traumatique. En revanche, « je ne sais pas ce que je ressens » témoigne d’une position réflexive, d’une ébauche de forme, d’une figure qui chercherait à émerger du fond indifférencié. Face à cela, le thérapeute peut proposer une exploration sensible : « Et si vous restiez un moment avec ce flou ? », « y aurait-il une image, une sensation, un mot qui émerge ? ».

A l’inverse, dans l’exemple qui suit, la personne touche les limites d’un savoir déconnecté de son expérience.

Corine a 28 ans. Je pourrais la décrire comme une introjecteuse invétérée. J’ai essayé en vain de solliciter sa capacité à faire des choix en s’appuyant sur son ressenti, sur les mouvements d’attirance/rejet, la perception de ce qui pousse en elle et la direction que cela pourrait prendre, ou bien l’exercice de sa fonction moi dans la polarité « j’aime, je n’aime pas ». Quand elle me dit « mes parents disent ça, mon ami pense ça » ...si je lui rétorque « -et vous ? », elle me répond « ben, je ne sais pas. » Puis, devinant qu’elle devrait en penser quelque chose, elle s’excuse de ne pas savoir, ou tente une synthèse de ce qui lui est dit.

Voici une séquence à propos d’un choix qu’elle doit faire :

Thérapeute : Pourquoi croyez-vous que cela est bon pour vous ?
Corinne : mes parents me l’ont conseillé
Th. : vous voulez dire que vos parents savent ce qui est bon pour vous ?
C. : oui, bien sûr.
Th. : ?
C. : Ils m’ont élevée, ils me connaissent parfaitement
Th. : En êtes-vous bien sûre ?
C. : Ben...non ; il y a des choses qu’ils ne savent pas. ...mon ami sait des choses qu’ils ne savent pas.
Th. : Il y a vos parents qui savent des choses de vous, votre ami qui en sait d’autres, et vous...
C. : Long silence […] - Peut-être que je les écoute trop.

Alors qu’elle ose ce temps de silence, je perçois des signes qui traduisent l’intériorisation de son attention : décrochage du regard qui se défocalise, respiration plus ample ; la réorganisation cognitive qui s’opère se double ainsi d’un accès à l’expérience, d’éléments du sentir pas encore conscientisés mais qui apportent de la nouveauté dans ses convictions figées et l’émergence d’un Je.

Du côté du thérapeute que je suis, ne pas savoir, qui est l’expression d’un épochè phénoménologique, s’exprime par un positionnement où j’écarte mentalement toutes les hypothèses et anticipations, et surtout il s’accompagne d’un mode de présence qui convoque mon expérience corporelle : ancrée, immobile, une respiration abdominale, mes sens aiguisés sur ce qui a lieu dans l’instant, mais aussi ouverts à l’ensuite, comme le pêcheur qui regarde sa ligne au fil de l’eau en étant concentré sur ce qui peut -ou -pas s’y produire.

Dans les traditions philosophiques, le non savoir a été souvent présenté comme un fondement. Dans le Tao Te King (71) Lao-Tseu dit : "Ne pas savoir est la vraie connaissance". Et Socrate (Platon, Apologie de Socrate) : "Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien". Cette ignorance assumée est un point de départ : reconnaître la subjectivité de nos perceptions, suspendre le savoir pour laisser place à l’émergence.

La phénoménologie nous aide à penser notre pratique en nous invitant à suspendre l’interprétation et à se rendre présent à ce qui est observable. Jacques Blaize parle de "Ne plus savoir", Frank Staemmler de « Cultiver l’incertitude ».

Organisant les aspects de notre rapport au monde de façon plus articulée, Viviana Valdès-Teja propose une métaphore féconde : l’expérience comme kaléidoscope. Je cite le texte de présentation de son ouvrage par l’Exprimerie :

“considérer l’expérience comme un kaléidoscope où l’on peut se concentrer sur l’expérience partagée, l’expérience vécue ou l’expérience accumulée dans ses différentes dimensions : la dimension sémantique qui nous invite à plonger dans la construction de significations liées à la fonction-personnalité du self ; la dimension pragmatique qui se concentre sur l’intention, le choix et l’action associés à la fonction-moi ; la dimension esthétique, qui met l’accent sur l’arrière-plan corporel ressenti et ce qui en émerge, et que nous pouvons relier à la fonction-ça ; et, enfin, la dimension syntaxique qui nous permet d’observer la configuration et la reconfiguration de l’expérience en prêtant attention aux formes fixes ou aux patterns pour retrouver le mouvement de la dynamique figure-fond. »

Conclusion : sentir pour penser, penser pour sentir

Finalement, l’enjeu n’est pas de choisir entre sentir ou savoir. C’est de pouvoir passer de l’un à l’autre. C’est de sentir ce que je sais, de savoir ce que je sens. De tisser des liens entre ces deux modalités, sans les hiérarchiser.

La Gestalt-thérapie, dans sa richesse théorique et pratique, nous offre un cadre pour explorer ces passages. Elle nous rappelle que l’expérience est première, mais que l’élaboration a aussi sa place. Que l’incertitude n’est pas une faiblesse, mais un espace potentiel.

À une époque où nous sommes noyés sous une pluie informationnelle génératrice de chaos, où les opinions se figent, où les émotions s’exposent, le sentir nous ramène à l’expérience et le savoir donne sa place à l’élaboration ; l’alliance de ces dimensions me paraît bien salutaire pour nous permettre d’aiguiser notre conscience, de nous orienter dans un monde chaotique, de lui donner forme et d’en devenir acteur. Il y aurait ainsi à cultiver un savoir sensible, et un sentir pensant.

Sylvie Schoch de Neuforn

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