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À Dire PÔLE ÉCRITURE
12 juin 2025

En quoi je crois ?

Peu avant Noël, je tentais d'expliquer à mon fils, jeune adulte, que je n'étais pas «croyante».

Dans une discussion un peu vive tout en restant courtoise, il me fit remarquer que ma position n'était pas exempte de croyances et de foi, ce qui était tout à fait exact. Notre échange s'arrêta, comme souvent lorsque des convives attablés devant un bon repas parlent de choses et d'autres et papillonnent de sujet en sujet. Ici, j'ai envie de déployer ce qui s'interrompit alors. Je ne souhaitais pas le convaincre, ni vous d'ailleurs, mais exposer ce à quoi je crois, enfin, pour être plus exacte, ce à quoi je crois que je crois...

Je crois à l'existence de lois de la physique et de la biologie. Même si je ne peux les formuler, ni en comprendre l'action, je crois que celles-ci s'imposent à moi et à nous tous. Mes pieds soutiennent la masse de mon corps lesté par la gravitation universelle. De même, ce que je jette en l'air retombera immanquablement au sol, sauf à flotter en apesanteur comme Thomas Pesquet et ses acolytes des navettes spatiales. La composition chimique de l'eau de Javel, que j'ignore, mais à laquelle je me crois soumise, détruirait mon tube digestif si j'en ingérais. Je ne me risquerai donc pas à falsifier cette croyance, en tentant de boire ce breuvage. Nous pourrions multiplier les illustrations. Un dernier suffira. Ma maison, construite en devers par rapport à la rue, subit les fortes pluies qui coulent et couleront toujours sous mon portail d'entrée vers le fleuve, que cela me plaise ou m'indispose, que j'invoque à ce propos mauvais œil ou karma, sauf à ce qu'un jour il ne pleuve plus une goutte dans la région. Comme le dit Umberto Eco : « La conviction qu'il y a quelque chose de vrai est fondamentale pour la survie des êtres humains. Si nous ne pensions pas que nos semblables nous disent le vrai ou le faux, toute vie sociale serait impossible. Nous ne pourrions pas prêter foi au fait que, si une boîte de médicament porte l'inscription « Aspirine » , nous pouvons exclure que c'est de la strychnine. » (1) CQFD.

Je crois aussi à des règles, peut-être moins immuables, mais néanmoins agissantes, qui régissent les communautés humaines de façon générale, quels que soient les lieux et les époques. Dans ce registre, je nous crois habité.e.s de passions, au sens philosophique du terme, qu'il me semble important de connaître et de tenter d'apprivoiser un minimum à travers des règles communes de droit, au risque du chaos individuel ou collectif. Je crois ainsi à l'existence de l'avidité et de l'envie destructrice qu'abritent les humains, mais aussi à leur intelligence qui améliore, depuis les origines, les conditions de vie des groupes sociaux dans leur environnement, via inventions et innovations techniques. De même, j'adhère au choix possible de la « raison » face aux dangers de l'émotion toute puissante, ainsi qu'aux vertus des sentiments d'attachement qui nous humanisent et nous font voir notre semblable dans tout mammifère supérieur, même si cela requiert parfois un sérieux effort (2).

En parallèle, je crois que nous avons besoin de nous raconter des histoires, quels qu'en soient les formes et les supports : mythes, épopées et religions consignés dans des livres sacrés et des recueils immémoriaux, mais aussi idéaux politiques et utopiques, littérature, chants ainsi qu'images animées depuis les peintures rupestres, en passant par la tapisserie de la Reine Mathilde à Bayeux ou les dernières vidéos virales sur Tiktok. Ces récits, plus ou moins partagés, ont pour fonction, je le crois encore, d'habiller de SENS, d'une certaine logique voire de merveilleux nos destinées de mortel.le.s. Je respecte infiniment ces histoires-là et leur reconnais l'usage d'adoucir un réel, qui, si nous n'y prenons garde, pourrait nous tendre un miroir de non-sens et d'une mélancolie tellement douloureuse que nous pourrions être poussés, croyance encore de ma part, à mettre fin à nos jours face à ce « Weltschmerz », mot de philosophie allemande que je traduirais par « douleur d'être au monde tel qu'il est et tel que nous y sommes jetés par le fait d'exister. » Je ne suis donc aucunement exempte de foi et ne l'ai jamais prétendu.

L'existence même de ce débat d'idées avec mon fils m'avait réjouie. Pour moi, il témoignait de la possibilité encore existante pour un adulte et un jeune de la génération Z de déployer ensemble un désaccord. Il sous-entendait que nous disposions chacun.e d'une pensée indépendante souhaitant encore se confronter à de la différence, plutôt que de chercher à se conforter au sein de communautés d'individus aux opinions et visions du monde identiques. Alors qu'ai-je tenté de spécifier sur mes croyances, qui me semblaient différentes des siennes, et que j'échouais à préciser ? Ce point ne fut rien moins que simple à formuler oralement avec lui. Je le réalise maintenant à froid, face à mon ordinateur. Pour éclairer quelque chose de « mon fond », faisons un pas de côté et chaussons nos lorgnettes de psychothérapeute, monde professionnel qui est le mien depuis plus de 25 ans. Dans cet espace, j'accompagne justement hommes et femmes à visiter ce à quoi ils et elles croient et à envisager que changer de perspective, de façons de voir peut élargir leur fameux « champ des possibles. » Selon moi, on peut ranger toutes les catégories de psychothérapie dans deux grands courants majeurs : la phénoménologie, dont je me réclame, et l'herméneutique. Celle-ci revendique de donner du SENS à ce qui est perçu par l'humain, là où la phénoménologie s'efforce de décrire ce qu'elle constate, ce qui n'est bien entendu jamais exonéré de présupposés et de préjugés comme rappelé plus haut. Relèvent, par exemple, de l'herméneutique, l'appareil interprétatif de la psychanalyse comme celui de l'analyse transactionnelle qui en découle. Si on élargissait ce propos aux soins traditionnels, on pourrait inclure ici les oracles chamaniques et toute lecture de signes recueillis dans l'univers, toute promulgation d'une signification à ce qui arrive selon une grille de décodage prévue à cet effet. La phrase qu'utilise beaucoup le développement personnel « il n'y a pas de hasard » serait à ranger dans cette famille-là, qui produit des univers de sens à partir de cooccurrences. On pourrait m'objecter, comme mon fils n'a pas manqué de le faire, que « moi aussi j'interprète », ce qui est vrai encore. Mais, si nous disposons tous d'un appareil cognitif qui propose automatiquement de prêter des significations à nos expériences (dont les actes et intentions d'autrui forment un univers souvent opaque, difficile à comprendre), les interprétations me semblent différentes dans les deux cas. La phénoménologie raisonne en hypothèses. Elle n'avance pas de certitude, mais propose des « vérités de perspective » comme le formule joliment le psychanalyste Miguel Benasayag (2). « Si je regarde par là, je peux voir ça » mais « si je considère la situation par ailleurs, ma vision en sera logiquement modifiée. » Ni l'un, ni l'autre de ces points de vue n'ont de statut supérieur ou préférable. Quoi qu'il en soit de ces deux paradigmes d'appréhension du monde, la Gestalt-thérapie invite à faire nos propres choix en conscience. Toutefois, le risque de prendre le mot pour la chose, de « réifier » comme le précisait Michael Vincent Miller, me paraît être plus élevé dans l'approche herméneutique (3). Risque d'être sûr.e de notre lecture. Risque d'y adhérer trop et ne pas supporter qu'autrui n'y adhère point. Pour distinguer les deux types d'interprétations, on pourrait dire, que prêter du sens à ce qu'un interlocuteur veut signifier quand il dit ou fait quelque chose relève d'une interprétation « simple » et non d'une « méta-signification », fondée sur l'utilisation d'une grille de lecture qui organise le sens du monde « par dessus » ou par avance. Dit plus simplement avec une illustration, je peux faire l'expérience de la beauté de la nature, mais, à moi, « elle ne parle pas. » Elle n'émet pas de signes à mon égard que je saurais décoder. Dans le même ordre d'idées, « je ne crois pas » à l'Inconscient au sens de certains psychanalystes. Plus important, je respecte la foi de mes semblables en leur Dieu et en son existence, sans m'y associer. L'expérience d'autrui est ce qu'elle est, elle existe pour eux. C'est un fait que je ne peux ignorer et dont j'accepte la réalité dans notre monde commun (4). Ainsi, j'ai pu accompagner des personnes qui vivent la présence de défunts auprès d'eux, sans que je ne partage en rien leur vécu. Que « j'y crois ou pas » n'est alors pas le sujet. Je crois qu'ils croient en cette chose. Mais ce qui nous importe alors ensemble sont les conséquences que cela a dans leur vie et ce qu'ils en font. En l'occurrence, cela les fait souffrir de telle ou telle manière, cela impacte leurs liens avec les autres d'une façon qui les gêne, etc... Je n'ai pas besoin de croire à ce qu'ils croient pour que nous soyons dans une relation intègre et utile. L'avènement récent de la « médecine narrative » va dans ce sens (5). Comme le rappelle Solène Blanchin et ses co-autrices, on peut construire des recherches selon les règles scientifiques rigoureuses de la « Médecine fondée sur les preuves », tout en prêtant foi au vécu expérientiel du patient, ce qui ne peut que réjouir les gestalt-thérapeutes.

Toutefois, il est vrai aussi que, face à ce qu'on appelle désormais « réalités alternatives » auxquelles adhèrent des personnes, avec parfois une énergie farouche, je ressens le besoin personnel de vérifier leurs allégations, tout en acceptant ce qu'elles disent croire. Je fréquente donc régulièrement des sites de « fact checking » comme factuel.afp.com auquel je prête foi. Je lis ce qu'ils publient en provenance de sources que je considère valides. Il est aussi exact que je me méfie de notre besoin de croire et d'adhérer à des histoires singulières (qu'elles soient belles ou terribles), car je les sais, démonstration à l'appui, soumises aux biais de construction de notre pensée. Ainsi par exemple, une corrélation ne signe pas nécessairement une causalité. La reconnaissance de plus en plus large des « savoirs expérientiels » que j'honore ne garantit pas que l'expérience de l'un soit généralisable à l'autre. On connaît ainsi le risque de l'illusion rétrospective mise en évidence par les chercheurs, qui nous fait croire à une origine lorsqu'on est arrivé quelque part. Par exemple, si de nombreux pédocriminels ont été victimes de pédocriminels dans leur enfance, TOUS les enfants victimes ne deviendront pas des auteurs de violences sexuelles sur des enfants à l'âge adulte. Parallèlement, il existe des pédocriminels qui agressent des enfants sans avoir été eux-mêmes victimes de telles violences dans l'enfance. Je pense que le réel est toujours plus compliqué que ce que nous voudrions croire, comme lorsque nous préférerions songer que « les-pédocriminels-sont-des-monstres-n'appartenant-pas-à-la-même-espèce-que-nous ». Voici en passant encore une chose à laquelle je crois.

Au fond, je réalise que quelque chose en moi se cabre fortement lorsqu'on veut m'obliger à croire ou me forcer à adhérer à quelque histoire ou vision que ce soit. La liberté inscrite au fronton de notre République, dont la petite sœur la laïcité s'entend du respect de nos croyances à chacun.e, inclue la liberté de penser et de ne pas croire en une déité. Je ne consens donc absolument pas au prosélytisme de quelque nature que ce soit. Je désire pouvoir aller à une messe chrétienne où on me racontera une histoire millénaire qui guidera (peut-être) mes actes, mais je souhaite que soit respecté mon choix de ne pas adhérer pour moi-même à l'existence de celui qui en serait l'auteur. Bien entendu, je conçois que les croyants puissent vouloir convaincre autrui des « révélations » qui leur ont été faites, qui leur font penser que leur entourage est dans l'erreur, voire doit être « enseigné » ou même « sauvé », mais je désire qu'on ne pratique pas cette activité à mon endroit. Non, merci. Je souhaiterais donc que les croyants ne vivent pas ma liberté comme une attaque envers la liberté de leur foi. N'appartenant pas à leur paradigme, ses prérequis ne sauraient m'être appliqués sans mon consentement. Qu'on se laisse mutuellement en paix sous l'égide du droit et d'une morale du respect de chacun.e, voilà ma proposition, toute empreinte de l'esprit de notre originale laïcité (qui ne doit, elle non plus, pas devenir hégémonique). Voilà posé ce que je pense croire. Voilà éclairée la présence à autrui que cela occasionne. Oui, voilà ce que je crois que je crois.

Et vous, à quoi croyez-vous ?

Quelle conscience avez-vous des soubassements de votre système de pensée ?

Comment pensez-vous que vos visions implicites du monde imprègnent vos relations à vous-même et à ce qui vous entoure ?

Quels sont vos rapports avec les « croyants », qu'ils se réclament de spiritualités ou d'autres façons de voir singulières ?

Stéphanie Feliculis
Pychologue et Gestalt-thérapeute

(1) Umberto Eco, article « Absolu et relatif », in Construire l'ennemi et autres écrits occasionnels, Grasset, 2014, p 47-80
(2) Miguel Benasayag, Le mythe de l'individu, Éditions La Découverte, 2004
(3) Communication personnelle
(4) Monde commun qui est toujours à reconfigurer hors de toute évidence, alors qu'on pourrait croire qu'il est toujours déjà donné et commun justement ! Cela s'est vécu dans la douleur au moment où l'obligation politique du confinement nous a tous secoué.e.s avec violence dans le tréfonds de nos évidences implicites bien loin d'être « naturellement » partagées.
(5) Cf. par exemple l'article de Solène Blanchin, Béatrice Lognos, Marie-Catherine Reboul, Création et expérimentation d'un enseignement de médecine narrative auprès d'étudiants en 4e année de médecins à Montpellier, in Revue Médecine et philosophie, (5), 2021, p 55-60. Ce sujet émergent de la médecine narrative était même évoqué le 26 mars à 7h30 sur France Culture.

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