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À Dire PÔLE ÉCRITURE
11 décembre 2025

Pourquoi et comment est-ce possible ?

Je n’ai que cette question en tête.
Je n’ai pas de réponse.

Je lis cet été avec effroi « La chair des autres » de Claire Berest ( Edition Albin Michel, 2025) à propos de l’affaire de Mazan, le drame de Gisèle Pélicot, épouse de Dominique Pélicot, qui, durant 30 ans, (Gisèle Pelicot a 70 ans aujourd’hui), a été à son insu, endormie, droguée, sédatée, violée et visionnée par son mari et 51 autres hommes, co accusés dans cette affaire.
Le thème de l’altérité m’apparaît, intense, à la lecture de ce livre ; écrire est alors une nécessité pour moi au travers de cette « identité de combat » que je porte depuis 2022, date de la publication de mon livre sur l’inceste. Le fait d’avoir été victime moi-même fait-il de moi une meilleure lectrice ?
En tout cas je suis à la fois attirée par ces textes et rebutée, même chose avec les films, les documentaires qui traitent des sujets de violences.

Me sont revenues d’autres lectures, celles sur les camps de la mort, les génocides, la Shoah, les déportations et les survivants qui ont raconté, je pense à Jorge Semprun, «L’écriture ou la vie », ces livres m’ont toujours fascinée, je les achète, je les lis d’une traite, il y a pour moi un lien à vif entre inceste et torture ; je pense aussi à Christine Angot, écrivaine victime de violences sexuelles, à Cécile Cée, Camille Kouchner, Adélaïde Bon et Christine Loisel-Buet avec qui j’ai échangé des lettres, et d’autres encore… et mon propre livre…
J’ai alors un désir puissant de transmettre un message d’espoir, d’altérité et d’humanité.
Pour comprendre avant tout ou essayer de comprendre, plonger dans le noir terrifiant de cette complexité. C’est périlleux de tenter de mettre du sens plutôt que de s’horrifier, de juger mais c’est tout ce qui nous reste quand le sens a déserté…

« La chair des autres », c’est un procès qui a duré 3 mois et demi en 2024, Gisèle Pélicot, anéantie dans son humanité, a eu le courage de demander que le huit-clos soit levé afin que l’affaire (dont les vidéos des viols) soit vue par tous/toutes pour une prise de conscience collective et sociétale, pour que ça cesse un jour, pour toutes les victimes de violences sexuelles.

Dans tous ces drames, l’idée fondamentale du consentement et donc de l’altérité est bafouée.
Dans mon histoire, même si la fillette de 13 ans n’a pas dit non, (a-t-elle consenti pour autant ?), mon père n’a pensé qu’à lui, pas à moi. Il n’a pas été « travaillé » de l’intérieur par cette notion magnifique de l’altérité. Magnifique et vertigineuse car elle suppose la capacité à l’ouverture, à faire de la place à l’autre, à être avec ce qui est extérieur à un « soi », elle est la condition même de l’autre au regard de soi.
Dans ces drames, l’agresseur a objectalisé sa victime. Pas de nous possible. Pas de avec. Pas d’être et de faire ensemble.
Dans l’affaire Pelicot, il y a une accumulation - non pas de femmes - mais d’hommes violeurs, point d’enjeu d’altérité que celui « d’une complicité masculine »( p155), Gisèle Pelicot est morte symboliquement, elle n’existe pas. « La force (le nombre d’hommes, 51), la force brutale, qu’on en use ou qu’on la subisse, annihile toute humanité » (p158).
Simone Weil, philosophe, écrit : « Il y a la force qui tue et celle qui ne tue pas c’est-à-dire celle qui ne tue pas encore, elle change l’homme en pierre. »
C’est à dire en CHOSE.
On a été des choses. Et c’est impensable. Innommable.

Dans la tradition, la justice se concentre sur l’auteur du mal. La justice restaurative, elle, tente de renverser l’hypothèse pour aller chercher l’altérité chez la victime afin de comprendre et penser le mystère du mal et l’impossibilité de l’altérité chez l’agresseur.

Dans ma pratique de thérapeute, plusieurs patients s’imposent à moi au regard de cette question de l’altérité.
Jocelyne et Félicien (j’ai changé les prénoms), qui ont vécu l’innommable.
Jocelyne, qui a été une enfant d’abord incestée puis qui, adolescente au sein d’une institution à Valence, a subi des châtiments corporels et sexuels, elle a 56 ans aujourd’hui, elle tente, en thérapie avec moi, de se reconstruire et d’exister non plus comme un objet pour l’autre, mais comme un sujet. Elle ne peut pas encore au bout d’un an de thérapie accéder à la notion de victime. C’est elle la coupable. La lumière commence à percer dans le tunnel grâce à ses écrits sur ses flash-backs, textes qu’elle amène à chaque séance, en me demandant de les lire à haute voix. Je suis sa nouvelle voix dans les ténèbres.
Félicien, 24 ans, ayant été maltraité enfant par son père, battu, puis abusé sexuellement par son quasi grand-père paternel, entre 8 et 14 ans, n’a trouvé, pour survivre, dans une forme d’identification à l’agresseur et de loyauté familiale, qu’une stratégie où c’est lui qui est punissable pénalement pour des faits qui n’ont absolument rien de comparable avec ceux que lui-même a subi. Forme de « pseudo délire » qui lui permet de ne pas sentir la souffrance de l’enfant et de l’adolescent qu’il a été. Il y a comme un retournement. Il nous faut, pas à pas, remettre le monde, son monde, en ordre car tout est à l’envers.

Claire Berest écrit : « Le viol est le seul crime dont l’auteur se sent innocent et la victime coupable. La victime est habitée et marquée par l’essence du mal que son bourreau lui a infusée en même temps que la blessure. » (p55).
La honte doit changer de camp pour que l’altérité puisse se rencontrer enfin, tant chez la victime que chez l’agresseur/agresseuse.
Dans ma pratique de gestalt thérapeute, je suis confrontée à des tragédies où l’altérité n’est pas dans le champ, celle-là même qui permet à un être de se construire identitairement et qui sera à trouver-créer (au sens de Winnicott) pour que les patients-victimes puissent devenir décisionnaires de leur vie et libres, et les auteurs-agresseurs ne plus s’abandonner au joug criminel de leurs désirs.

Katouchka Collomb Van Ditzhuysen

Psychologue et gestalt thérapeute, accompagne des victimes et auteurs de violences sexuelles et conjugales, dans la région de l’Ain, autrice et transmetteuse sur le sujet des violences et des incestes.

Katouchka Van Ditzhuyzen Collomb, « La face cachée de l’inceste, de l’emprise à la femme libre, Éditions de l’Harmatan, 2022.
Claire Berest, « La chair des autres », Albin Michel, 2025
Adélaîde Bon, « La petite fille sur la banquise », Grasset
Christine Angot, « Un amour impossible », Flammarion, 2015
Christine Angot, « L’inceste », Stock
Christine Loisel-Buet, « L’enfant de trop », L’harmattan, 2024
Neige Sinno, « Triste tigre », P.O.L
Camille Kouchner, « La familia grande », Seuil, 2021
Cécile Cée, « Tout ce que Cécile sait », Marabout, 2024

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