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À Dire PÔLE ÉCRITURE
11 décembre 2025

D’autres vies que la nôtre

Parler d’altérité ce peut être s’approcher de l’expérience de la différence irréductible, rendre compte de notre capacité à communiquer et ouvrir une proximité de lien en tant que forme de vie au milieu d’autres. Il y a là, pour les humains que nous sommes, un enjeu d’engagement social et de coopération qui va bien au-delà du milieu humain qui à lui-seul ne suffit pas.

L’humain rencontre dès sa naissance d’autres que lui avec lesquels il vit des expériences d’altérité (son doudou, ses jouets, l’animal du foyer, les plantes de la maison, les membres de la famille, le climat, l’ambiance dans laquelle il évolue, etc). Elles sont singulières et témoignent de l’indissociabilité organisme-environnement. S’instaure pour la survie du nourrisson comme de l’espèce, un enjeu de rencontre pour la vie. Cet enjeu est issu de notre immense vulnérabilité, facteur incontournable qui nous mobilise tout en nous disposant à créer des liens de parenté et d’attachement quel que soit notre milieu de vie : c’est bien de cela dont il sera question dans notre clinique.

J’ai envie de vous emmener aux confins de l’expérience humaine, à cet endroit où l’humain rencontre d’autres formes de vie qu’il va traiter comme une altérité à laquelle il s’attache et avec laquelle il construit des histoires. Je vais aussi m’appuyer sur certains auteurs dont C. Stépanoff qui a ouvert une réflexion à ce sujet.

Comment cela prend-[t-il forme ?

Conditions de l’altérité

Notre statut biologique doté d’un support organique spécifique nous amène à co-exister parmi d’autres formes de vie avec ou sans support organique.

Notre extrême fragilité à l’état de nourrisson, nous fait dépendre entièrement de notre environnement, de son contexte culturel, de sa façon de prendre soin de notre vie. Nous allons évoluer dans un bain avec des différences radicales pour peu à peu advenir à une subjectivité, un récit de soi entièrement façonné dans un premier temps par l’entourage.

Notre qualité de vie dépend de notre capacité à attirer l’attention de l’autre, à susciter son intérêt et à échanger. Car pour l’autre, cet adulte dont nous dépendons, « Les nourrissons sont des êtres opaques » (1). C’est à cause de cette opacité que Stépanoff déduit que « Notre disposition à créer des liens avec les bébés, aux confins de l’humanité, nous a permis de former des attachements plus loin encore, au-delà même de cette frontière ». Ainsi, peut-être, avons-nous développé une communication avec tout ce qui nous entoure, parce que la survie de notre espèce dépend de sa capacité à interagir avec le nouveau-né, à le rendre humain en lui donnant la possibilité de comprendre les codes qui régissent les conventions sociales et les lois qui organisent nos interactions.

Ouverture à un devenir socialisant

Nous ne pouvons, en tant qu’humains, qu’être des êtres sociaux, car tous les humains ont à faire face à l’immaîtrisable et ce n’est que collectivement et de manière coordonnée qu’il nous est possible de construire une certaine prévisibilité durable.

« Toutes les sociétés humaines font l’expérience des limites de leur pouvoir face à des aléas tels que le climat, la pluie, la présence du gibier, la fécondité et la croissance des êtres vivants, les humains eux-mêmes, les maladies, etc. L’essentiel des comportements religieux humains gravite autour de ces réalités écologiques » (1). L’humain a mis en œuvre des modes d’interaction pour accéder à ce qui lui est autre par des stratégies articulées entre les espèces.

Par exemple combien de rituels dédiés aux esprits de la nature irriguent nos sociétés, combien de prières adressées pour que la moisson soit bonne, de rites pour que l’union soit fertile etc. habitent encore nos modes de vie ? Nous construisons également des ponts communicationnels entre espèces pour survivre. Par exemple, un handicap ou une déficience peut être pallié par un chien guide d’aveugle ; les jardins dont prennent soin les patients au sein des hôpitaux psychiatriques favorisent un meilleur équilibre de vie ; parler ou mettre de la musique aux plantes les aide à mieux croître ; équilibrer terrain, ensoleillement, climat, température favorise l’activité des plantes et des insectes qui collaborent. Ce sont sans doute ces passerelles qui tissent et façonnent inévitablement notre rapport à l’autre que soi. Le maillage inter-espèces est constant entre humain et non-humain.

« Ainsi, aucune société n’est composée seulement d’humains. Notre ouverture par-delà les limites de notre espèce va même plus loin » (1). Cette disposition à créer des liens de parenté et d’attachement produit des rapports de socialité qui s’étendent au-delà des frontières de l’espèce, et ce dès l’enfance. Nous développons, pour ordonner les actions du monde et le rendre accessible, la capacité à nous projeter pour saisir quelque chose de cette altérité. Nous prêtons aux êtres, aux évènements, aux choses des comportements similaires à l’humain ou interprétons de manière humaine les actions que nous observons. Ce faisant nous humanisons ce qui ne l’est pas. L’anthropomorphisme permet de rejoindre la différence. Humaniser facilite la transmission de quelque chose de soi à l’autre tout en entendant d’une certaine manière le langage de l’autre. Cela semble possible car nous sommes immergés dans des interactions sensorielles et psychiques qui président à nos débuts de vie. Ces dernières « nous plongent dans un monde immédiat, où les émotions sont déclenchées par le contact, par les images, par ce qui est tangible » (2). Ces éléments archaïques, primaires, fondent et ouvrent une communication. S’ajoute notre besoin d’attachement qui, rendant humains les comportements des autres espèces, permet une co-adoption, un nouage organisme /environnement (humain ou non).

Je fais l’hypothèse que ces phénomènes aient une incidence majeure en thérapie. Les nécessités qui conduisent une personne à entreprendre un parcours thérapeutique, quel que soit le motif de la demande et le contenu de la relation qui va se créer, traduisent un besoin de contacter, de s’ancrer, d’appartenir (parentalité, communauté). Et pour faire cela, cette personne va projeter sur ce qui l’entoure un peu d’elle-même, un peu sur le mode anthropomorphique. Cette façon d’être au monde lui permet d’approcher, d’apprivoiser la différence ou mettre de la distance avec elle.

Tenter de rejoindre autrui pour partager son monde est un enjeu de vie. C’est un socle à constamment construire en « inter-altérité » en séance. Ainsi la répétition des séances, explorer comment ce que nous contactons nous fait apparaitre l’un à l’autre, développe une capacité à rencontrer et à rendre familier la différenciation quelle qu’elle soit. Oser l’aventure de la connexion, ouvre à cette co-adoption organisme/milieu de vie, à cet échange, à cet attachement identitaire et/ou à cette appartenance à des repères socioculturels communs.

L’altérité invisible et invisibilisée

Si la dissemblance participe à construire notre mode personnalité par les traces des impacts des rencontres d’autrui, c’est bien par le mode sensible qu’elle s’actualise et prend forme. Les rapports intersubjectifs et surtout les occasions de rencontre mutuelle et affective avec le monde nourrissent et unissent les uns aux autres. La diversité sort de son opacité, de son anonymat, de son statut de chose, de décor. Le fond devient une forme habitée de sentiments et d’attachements. Alors que dire de cette relation avec l’invisible, qu’il prenne la forme du transgénérationnel, des forces qui animent les éléments de la nature, ou des lieux ?

Actuellement notre réponse en tant que société à cette hétérogénéité est de produire des savoirs scientifiques, des technologies numériques, de l’intelligence artificielle et une robotisation grandissante. Ils se substituent à la capacité de créer et se rendent indispensables dans le rapport au monde. Une dissection systématique de la biodiversité pour l’exploiter, jusqu’à la réduire à ses composants (animaux réduits en morceaux de viande, plantes en composés chimiques) et l’invisibiliser, est à l’œuvre. Le monde à ce niveau-là se simplifie et se désensibilise. Dans le contexte social et technologique actuel, l’expérience du biologique, du climatique est réduite à une production d’éléments détachés, d’informations isolées. Le monde est au service d’une production et d’une uniformisation normative mondialisée. L’animal est désigné comme un produit, la forêt une usine de production de bois, un champ une surface à défricher pour produire des légumes, une montagne un gisement de minerais ou de matériaux.

Les savoirs générés par l’expérience de l’hétérogénéité sont d’un autre ordre. L’altérité n’est pas une chose mais du vivant. Humaniser ce qui ne l’est pas a permis une cohabitation. Cette humanisation développe même des attachements à des êtres invisibles par exemple via la religion. L’agir rituel devient une forme de communication souvent non verbale trans-espèce (méditer auprès d’un arbre, se promener avec son chien) et trans-espace entre le visible et l’invisible (faire brûler des objets pour honorer ou dialoguer avec les ancêtres, nettoyer des espaces avec des fumigations pour chasser ou faire venir la bonne fortune, croire et agir en fonction d’une instance supérieure n’appartenant pas au monde humain etc.).

« Nous seuls avons des conventions sociales et des lois pour organiser nos interactions. Or les humains se distinguent aussi par les relations très singulières qu’ils établissent au-delà d’eux-mêmes, avec les animaux, l’environnement, le cosmos. Aucune espèce n’entretient de liens si denses avec tant d’autres êtres vivants et aucune n’a un tel impact sur leur destin. » (1)

Quelles incidences en thérapie ?

Ainsi, en séance, il vous est peut-être arrivé d’entendre parler des liens à ces mondes si différents. Que ce soit dialoguer avec les défunts qui agissent sur les vivants, de cultes qui leur sont rendus, ou encore d’attaches affectives qui comptent, voire influencent les conditions de vie de la personne : perte ou arrivée d’un animal de compagnie à la maison, en maison de retraite ou à l’hôpital, choix de vie à la campagne pour se rapprocher de la nature et non des humains.

Lieu, plante, jardin, forêt, montagne, animal habitent les espaces de notre quotidien matériel mais aussi psychique, car en plus de partager l’habitat, ces altérités partagent une sociabilité et dans certains cas des émotions. Accueillir en séance, une personne attachée à son biotope ou à son écosystème, c’est aussi l’accompagner dans son accordage et sa manière de vivre ensemble. De multiples façons, ses comportements parentifient les investissements affectifs. Les liens d’attachement qui en résultent, conduisent à s’occuper et prendre soin d’autres espèces qui la côtoient. Notre anthropomorphisme n’ouvrirait-il donc pas un espace de communication augmenté et trans-espèces, sorte de parenté au-delà de l’humain, nous les faisant adopter comme des êtres à l’image de l’humain à part entière ?

Prunelle, que j’accompagne, vit isolée en pleine ville. Elle fuit les rapports humains qui l’irritent. Ce qui lui permet de rester en vie ce sont ses animaux. Ils la comprennent et parler d’eux occupe la séance mettant leur présence entre nous. J’interviens en les incluant constamment. Je suis avec le paradoxe de partager la même signature biologique et de devoir marcher sur des œufs. Son agacement n’est jamais loin. Tolérer un peu de proximité n’est possible qu’à l’évocation de ses animaux.

Tenir ensemble l’insécurité relationnelle et la sécurité trans-espèce se fait par l’alternance de moments où je nomme ce que je perçois et identifie comme un inconfort, un malaise entre nous, et partager des moments de vie avec ses animaux qui l’apaisent. Cela l’aide à tolérer mes tentatives de rapprochement que je nomme systématiquement. Je lui demande constamment de m’informer si c’est trop pour elle, l’aide à identifier ce qu’il en est et surtout, je lui parle aussi de ce qui se passe pour moi. Je me sens devoir restaurer ou peut-être mettre en place une communication entre nous alors qu’elle vit une fluidité d’échange avec ses animaux à base d’onomatopées, de rituels, d’échanges corporels, et que susciter son intérêt à faire du nous est fragile. L’engagement à rester avec moi fluctue constamment entre introjection, déflexion, confluence, rétroflexion et projection.

Dans un autre registre, que dire de cette interprétation constante, que l’on entend en séance, que ce qui advient serait pourvu d’une intention à notre égard ou à notre encontre : si c’est arrivé c’est pour m’apprendre quelque chose, par exemple « la montagne n’a pas voulu de moi puisque j’ai fait une chute ? » Cette affirmation est-elle de l’ordre de la croyance ou de l’altérité ?

Edouard explique tout ce qui lui arrive comme venant d’une instance extérieure à laquelle il est attaché, qui a de multiples rôles et surtout avec laquelle il entretient un dialogue constant, me relatant synchronicités, coïncidences. « C’est entre les mains de là-haut », « ce document est tombé de l’étagère alors que j’étais à mon bureau ». Cette manière de parler de sa vie m’interpelle. Il parle pour se confier ou être entendu, mais ne s’adresse pas à moi. Je me sens spectatrice et décide de lui en parler. Il ne comprend pas de quoi je parle, et continue sur sa mère qui agissait de même. Etrange familiarité et famille qui s’invitent dans la séance, faisant ancrage pour lui. Il m’invite constamment à le rejoindre par du langage corporel (regard appuyé, la main qui désigne un ailleurs autour …) traduisant une recherche de connivence mais n’attendant rien de moi. Cette forme de co-existence me convie à être dans l’awareness, la curiosité, afin de construire un pont entre nous et à réguler la nature et l’intensité de mes interventions. Cheminer avec lui me demande d’accepter ses références. Entre adhésion et différenciation, je tente de communiquer avec lui et son univers. Je navigue en changeant mes formulations verbales tantôt selon la perspective individualiste, interactionnelle ou de champ. Je l’encourage à raconter ce qui l’habite par des relances, des reflets, des reformulations. Je l’invite à préciser concrètement son vécu. Je partage également ce que je sens, dévoilant aussi ce que je perçois comme évitement ou inhibition. Je propose un autre regard pour ouvrir une autre perspective. Nous restons ainsi en présence à son milieu de référence, tout en prenant forme ensemble.

In fine, la question qui me vient à l’esprit pourrait se poser ainsi : la rencontre humaine en séance nous fait-elle contacter et explorer des mondes multi-espèces, des savoirs, des parts projectives qui alimentent nos croyances ? La réponse est sans doute affaire de point de vue sur le monde vivant, sur d’autres vies que la nôtre, et quel qu’il soit, un vécu sensible s’ouvre toujours à la frontière contact de l’altérité entre visible et invisible, pour peu qu’on lui prête attention.

Régine Cludy

(1) Stépanoff C. (2024) Attachements enquête que nos liens au-delà de l’humain Ed. La découverte
(2) Cyrulnik B. (2025) Attachements et résilience mémoire, empreinte, émancipation et neurosciences Ed. Chronique sociale

Pour approfondir cette réflexion :
Pépin C. (2021) La rencontre, une philosophie, Allary Editions

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